Areva : l'ouverture du capital n'est pas d'actualité, selon Guéant

Le Secrétaire général de l'Elysée souhaite taiter le dossier Suez-GDF. Vendredi, Anne Lauvergeon prônait l'ouverture du capital du groupe nucléaire, tandis qu'une note du CEA, premier actionnaire du groupe nucléaire, dévoilait trois scénarios d'évolution du capital.

L'ouverture du capital d'Areva "n'est pas d'actualité" a déclaré Claude Guéant, Secrétaire général de l'Elysée, dimanche soir, lors d'une émission de RTL. Il a précisé: "les choses ne sont pas à l'ordre du jour. On ne peut pas non plus tout faire en même temps", alors que le dossier de la fusion GDF-SUez arrive à son terme.

Vendredi, Anne Lauvergeon prônait l'ouverture du capital du groupe nucléaire. "Le développement d'Areva nécessite des moyens importants. Une évolution du capital paraît la meilleure solution", déclarait la présidente du directoire d'Areva, qui a toujours plaidé pour une ouverture de son tour de table voire une privatisation du leader mondial du nucléaire.

Le groupe est public à près de 85%, dont 5,2% appartenant à l'Etat et 79% au Commissariat à l'Energie Atomique (CEA). 4% relèvent de certificats d'investissements, cotés à la Bourse de Paris.

Jeudi, dans son discours devant l'université d'été du Medef, Nicolas Sarkozy a souhaité "donner les moyens de se développer " aux "entreprises magnifiques" du secteur nucléaire. Il a aussi estimé que "des choix stratégiques (seraient) à faire en matière d'énergie" nucléaire. Et la pression s'accélère aujourd'hui. Vendredi, Martin Bouygues
souhaitait "pouvoir jouer un rôle dans le développement d'une filière nucléaire française". Il proposait un mariage à trois: "Avec la participation d'Alstom et le savoir faire de Bouygues et d'Areva, il y a de quoi faire un pôle nucléaire français". Il ajoutait: "Si on nous invite à discuter ou à faire des propositions, nous le ferons". Cette alliance figure parmi les hypothèses depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République.

Elle figure aussi parmi les scénarios évoqués dans une note rédigée par Alain Bugat, administrateur général du CEA, premier actionnaire d'Areva. Dans ce texte, révélé vendredi par les Echos, il décrit les trois scénarios de refonte du capital d'Areva "acceptables". Le premier est "la poursuite du "stand alone" (rester seul). L'ouverture du capital est limitée et les filiales sont détenues à 100%. Alors, le CEA céderait 29% du capital, dont il détient actuellement 79%, tandis que les 34% détenus par le groupe industriel allemand Siemens dans la filiale Areva NP (activités réacteurs) seraient convertis en une participation de 8% dans le holding de tête

Deuxième scénario, la création d'un grand groupe nucléaire international, avec une base capitalistique franco-japonaise, mais avec le maintien d'un contrôle public majoritaire. Dans ce cas, Bouygues entrerait au capital d'Areva NP à hauteur de 34%, tandis que les groupes français pétrolier Total et électrique EDF deviendraient des actionnaires clefs d'Areva NC (cycle de l'uranium), avec des acteurs tels que Siemens ou le groupe japonais Mitsubishi qui monteraient au niveau du holding.

Enfin, troisième hypothèse, la création d'un "grand groupe privé français équipementier du domaine de l'énergie, avec le maintien d'un contrôle public majoritaire (sur les seules) activités stratégiques". Le groupe serait alors privatisé et fusionné avec Alstom. Siemens sortirait du capital et serait remplacé par Mitsubishi.

Ces manoeuvres se déroulent alors qu'Areva a annoncé jeudi un bond de 80% de son bénéfice opérationnel au premier semestre à 203 millions d'euros, en raison d'une nette amélioration de sa marge opérationnelle. Cette dernière s'élève à 3,9% contre 2,3% l'an passé. Le bénéfice net affiche une hausse de 20% à 295 millions d'euros. "Le groupe a amélioré l'ensemble de ses résultats. Notre croissance est soutenue, et notre profitabilité s'est renforcée de manière significative, tant au niveau du résultat opérationnel qu'au niveau du résultat net", s'est félicité Anne Lauvergnon, présidente du directoire d'Areva.

Le chiffre d'affaires a pour sa part progressé de 6,7% (6,4% en données comparables) pour atteindre 5,37 milliards d'euros. "Cette dynamique va se poursuivre", a estimé Anne Lauvergnon. "Notre carnet de commandes atteint aujourd'hui plus de 33 milliards d'euros, contre 26 milliards il y a six mois, soit une progression de 31%, et 21 milliards fin 2005: le modèle intégré d'Areva marque des points partout dans le monde".

Areva a par ailleurs annoncé une nouvelle provision pour faire face aux difficultés qu'il rencontre dans la construction du réacteur EPR en Finlande. Celui-ci ne devrait entrer en service qu'en 2011, soit avec deux ans de retard par rapport au calendrier initial. "Le projet progresse désormais à un rythme soutenu. Compte tenu du caractère 'tête de série' et du processus spécifique d'approbation des documents techniques, le chemin critique est tendu même si les conditions d'exécution sont en forte amélioration", a précisé le groupe nucléaire français dans son communiqué.

Cette nouvelle provision, dont le montant n'a pas été précisé, pèse sur la progression attendue du résultat opérationnel d'Areva, mais le groupe ne remet pas en cause ses objectifs annuels et table toujours sur une marge opérationnelle de 5% sur l'ensemble de l'exercice.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.