"On est encore loin des salaires des créatifs anglais ou allemand, mais c'est déjà mieux", résume Antoinette Lemens directrice de Job-in-creation, filiale du cabinet de recrutement Aquent. Ces professions créatives sont les vraies gagnantes de l'enquête salariale réalisée par cette société auprès de 1600 entreprises européennes, dont 274 en France, de la communication et du marketing, agences et annonceurs. Plus des trois-quarts des firmes françaises interrogées augmenteront la rémunération de leurs créatifs en 2007. Elles étaient à peine un quart à l'envisager en 2005. La hausse des salaires de ces populations atteindra en moyenne 8 % dans l'année à venir. Aujourd'hui, un directeur de la création senior perçoit un salaire médian de 70 k€ par an, contre 100 k€ en Grande Bretagne ou en Allemagne et même 90 k€ en Espagne. Pour les graphistes confirmés, la médiane s'établit à 33,6 k€, contre 52 k€ à Berlin.

Attirer les créatifs d'autres pays

"Il s'agit surtout de rattraper un retard, analyse Antoinette Lemens. En France, dès l'école, la créativité a toujours été peu valorisée. Ce n'est pas le cas en Angleterre ou en Hollande". Ce réajustement devrait permettre d'attirer davantage de créateurs étrangers, source d'une nouvelle inventivité. Par ailleurs, certaines fonctions particulièrement prisées pourraient être davantage valorisées, comme les architectes commerciaux : "les entreprises prennent conscience de l'importance de donner une identité à leurs murs", estime Antoinette Lemens. Les designers de packaging, assez rares sur le marché, seront également chouchoutés : les entreprises auront besoin d'eux pour accompagner le cycle de vie toujours plus court des nouveaux produits.

Les chefs de projets web à l'honneur

Autres champions de l'enquête : les nouveaux médias. La hausse des salaires devrait aussi avoisiner les 8 %. "La crise est bel et bien terminée, le marché du multimédia arrive à maturité", estime Antoinette Lemens. Mais les disparités européennes sont toujours très importantes. Un web designer, un programmateur ou un développeur flash, dont les salaires médians se chiffrent entre 25 et 30 K€ en France, gagne un demi salaire de plus de l'autre coté de la Manche ou du Rhin. Idem pour les chefs de projet web (40 K€ à Paris, 60 K€ à Londres). 4 % de mieux pour les "marketeurs"

Ces professions ne sont pas les seules à profiter de cette embellie. Les hausses seront moins fortes pour les non-créatifs Elles atteindront tout de même 4 % pour les spécialistes du marketing (chef de produit ...) et 5 % dans la communication (directeur de clientèle ...), les deux tiers des entreprises françaises déclarent qu'elles élèveront les salaires, et tablent sur une augmentation de leurs revenus d'en moyenne 12 %. Les mêmes constats optimistes sont dressés partout en Europe, et notamment en Angleterre et en Espagne, où on anticipe une croissance d'environ 24%. Accélération des embauches

Cette confiance devrait aussi se traduire par une accélération des embauches, toutefois encore très frileuses. Seules 41 % des entreprises françaises interrogées recruteront cette année - contre les trois quarts des sociétés allemandes, hollandaises et anglaise. Les secteurs les plus demandeurs ? Les services de production des studios intégrés, les départements création des agences web, design et de vente par correspondance. Mais aussi le marketing (particulièrement le marketing direct) et les relations presse en agence. En revanche, la conjoncture sera moins favorable pour le marketing et la communication chez les annonceurs, l'édition et la création publicitaire en agence.