Baosteel dément vouloir déposer une offre sur Rio Tinto

Le sidérurgiste chinois n'a pas assez de liquidités, plaide son président. Le rapprochement potentiel entre Rio Tinto et BHP Billiton inquiète cependant la Chine dont les besoins en charbon sont immenses.

Le sidérurgiste chinois Baosteel s'efforce ce jeudi de faire cesser les spéculations sur la possibilité qu'il lance une contre-offre sur le groupe minier Rio Tinto, expliquant manquer des liquidités nécessaires. Dans une interview accordée au journal Shanghai Securities News, le président de Baosteel, Xu Lejiang, a démenti des propos que lui avait attribués mardi le quotidien 21st Century Business Herald selon lesquels son groupe envisageait une offre sur l'anglo-australien Rio Tinto, actuellement convoité par son grand rival, BHP Billiton.

"Je n'ai pas dit cela. C'est une invention de ce média", a confié le patron de Baosteel au Shanghai Securities. Cette dénégation a été relayée par le journal officiel de la Bourse chinoise, le China Securities Journal. Dans le 21st Century Business Herald, Xu Lejiang soulignait que le véhicule coté de son entreprise, Baoshan Iron & Steel, était prêt à débourser au moins 200 milliards de dollars pour prendre le contrôle de Rio Tinto. A ce jour, BHP Billiton propose une offre à 100% en actions valorisant Rio Tinto autour de 125 milliards de dollars. La direction de Rio Tinto a pour l'heure rejeté cette approche.

La prise de contrôle de Rio Tinto par un groupe venu de Chine serait de nature à déclencher une véritable polémique en Australie, alors que le pays vient d'élire un nouveau Premier ministre travailliste en la personne de Kevin Rudd. "Je ne vois pas comment Baosteel pourrait avoir la moindre chance de passer à travers les mailles du filet d'une enquête australienne sur les investissements étrangers", avance Gaven Wendt, analyste mines chez Fat Prophets, cité par Reuters.

En 2000, Canberra avait bloqué le rachat d'une société pétrolière australienne, Woodside Petroleum, par la compagnie anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell, arguant de la nécessité de protéger les intérêts économiques nationaux. Si BHP a pu fusionner avec le sud-africain Billiton en 2001, c'est parce qu'il s'est engagé à maintenir son siège social en Australie et à garder l'action du groupe cotée à la Bourse de Sydney.

L'intérêt des Chinois pour le sidérurgiste Rio Tinto s'explique aisément, l'Australie détenant les réserves de charbon considérées comme parmi les plus élevées au monde.

Un rapprochement entre Rio Tinto et BHP Billiton donnerait naissance à un géant de 350 milliards de dollars de capitalisation qui contrôlerait 27% du marché mondial du minerai de fer. Le nouvel ensemble deviendrait également un acteur de tout premier plan sur les segments du charbon, du cuivre, de l'uranium et des diamants.

Fin novembre, un responsable de la fédération chinoise du fer et de l'acier s'était inquiété de la perspective d'un rachat de Rio Tinto par BHP et il avait confié à la presse que le mariage aboutirait à une situation de monopole.

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