EADS : DaimlerChrysler consent un droit de préemption à Lagardère et à l'Etat français

Selon un avis de l'Autorité des marchés financiers, le groupe allemand cèdera en priorité ses titres à ses partenaires français dans le capital d'EADS s'il est amené à en vendre encore 7,5%.

Selon un avis rendu public ce vendredi par l'AMF, l'autorité des marchés financiers, les actionnaires français et allemands dirigeant le groupe EADS, maison-mère d'Airbus, ont signé le 6 mars une convention par laquelle DaimlerChrysler a consenti un droit de préemption sur 7,5% du capital à la Sogeade. Cette holding française réunit l'Etat et le groupe Lagardère.

Lors de la création d'EADS en l'an 2000, la partie allemande, à savoir DaimlerChrysler détenait 30% du capital et la partie française donc la Sogeade également 30%, répartis à parité : 15% pour le groupe Lagardère via sa structure ad hoc, la société anonyme simplifiée Desirade, et 15% pour l'Etat français via la holding publique Sogepa (Société de gestion de participations aéronautiques, qui avait aussi servi à assurer la présence publique dans le capital de Dassault Aviation).

Il faut ajouter qu'en vertu de la règle dite de la commandite néerlandaise (EADS est un groupe de droit batave, EADS NV, avec son siège administratif à Amsterdam), c'est Lagardère qui a le management aussi longtemps au sein de la Sogeade qu'il ne descend pas sous la barre des 6% du capital, selon ce que nous indiquait il y a quelque temps Arnaud Lagardère lui-même.

Mais aujourd'hui, les choses ont changé au sein du tour de table d'EADS. Lagardère a engagé, via un portage bancaire, un mouvement qui va progressivement l'amener de 15% à 7,5% du capital. Parallèlement, DaimlerChrysler est passé de 30% à 22,5% et bientôt à 15% du capital, via la cession de 7,5% supplémentaires à un groupe d'établissements financiers publics et privés, en majorité germaniques.

La règle d'or qui prévaut à tous ces mouvements et que rappellent à l'envi Paris et Berlin est que demeure la parité franco-allemande dans le capital. Or, l'annonce du droit de préemption accordé par DaimlerChrysler à la Sogeade est potentiellement porteur d'un déséquilibre en la matière à l'avantage des Français. D'autant que pour l'heure, l'Etat français, à la différence de Lagardère et de DaimlerChrysler, affiche sa volonté de ne pas réduire sa participation, et même de souscrire à une éventuelle augmentation de capital si EADS et Airbus en ont besoin ( la direction du groupe vient d'affirmer qu'il n'y avait pas d'urgence en la matière malgré la crise que traverse l'avionneur).

Dans le détail, l'avis de l'AMF précise que les actions préemptées seront rétrocédées, le cas échéant, à chacun des deux actionnaires français (Sogepa pour l'Etat et Désirade SAS pour Lagardère) "au prorata de la contribution de chacun d'eux au financement" de l'opération. En cas de revente ultérieure à un tiers identifié par l'un d'eux, l'autre bénéficierait d'un droit de préemption sur les actions EADS ainsi cédées.

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