Une Carmen chinoise aux Chorégies d'Orange 2008

Bizet a séduit l'Opéra de Shanghai au printemps dernier dans le cadre du festival Croisement(s). La distribution chinoise fera le voyage pour Orange en 2008.

Des dragons d'Alcala aux contrebandiers, en passant par Moralès, Micaela, Don José, Zuniga et les cigarières, toute la distribution du "Carmen" qui sera présenté aux Chorégies d'Orange à l'été 2008 est chinoise. Toute ou presque, puisque les 18 et 19 avril derniers, c'est la mezzo israélienne Hadar Halévy qui incarnait l'impétueuse bohémienne sur la scène de l'Opéra de Shanghai.

Situé dans le prolongement des Années Croisées franco-chinoises (année de la Chine en France en 2003/2004 et inversement l'année suivante), le festival Croisement(s)/Jiaoliu proposait en effet en avril dernier de venir découvrir en terres d'orient cette nouvelle co-production des Chorégies d'Orange, de l'Orchestre Symphonique de Shanghai et du Centre Culturel Français.

Partis pour certains en France étudier la prononciation et s'imprégner de leurs rôles quelque mois auparavant, les chanteurs asiatiques ont relevé là une belle gageure. L'élocution n'est pas toujours irréprochable, bien entendu, mais le travail qu'ils ont fait sur le texte est, on le sent, considérable. Si quelques petits décalages rythmiques se font parfois fait sentir, c'est très probablement dû à l'exceptionnelle profondeur de la fosse de ce très bel opéra -conçu par l'architecte français Jean-Marie Charpentier- et au fait que l'attention de Michel Plasson était toute à l'Orchestre Symphonique de Shanghai.

Nadine Duffaut signe ici une mise en scène rythmée - on a droit notamment à un torride flamenco du danseur José-Manuel Huertas- et originale, faisant de Don José (Zhang Jianyi) le jouet non seulement de Carmen mais aussi d'une Micaela (Xu Xiaoying) aussi discrète que déterminée, et finalement meurtrière de sa rivale. Toutes racines dehors face au public, un arbre mort s'étale en travers de la scène, symbolisant un chemin de vie, celui de Don José constamment tiraillé entre ce qui le rend stable et solide - sa mère et Micaela, souvent cachée derrière l'entrelacs- et ce qui l'entraîne irrémédiablement vers le fond (de la scène), de l'autre côté du miroir - Carmen.

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