Berlin la rouge a largement apporté ses suffrages à Ségolène Royal. Les français installés dans la capitale allemande et le nord du pays ont voté à près de 73% pour la candidate socialiste, sur fond de participation proche de 50%. Pas étonnant qu'à l'annonce des résultats à 20 heures, dans un amphithéâtre archi-comble de l'ambassade de France, l'annonce de la victoire large de Nicolas Sarkozy au plan national a recueilli davantage de sifflets que d'applaudissements.

Jeanne, 21 ans, étudiante dans le cadre d'un échange Erasmus, quitte vite la salle en lâchant un "c'est la catastrophe. Que va devenir la France ?". Marie, 22 ans, étudiante, est "très déchirée". A ses côtés, Pierre, 24 ans, professeur, ne "comprend pas comment les français sont tombés dans le panneau".

Plus loin, un couple de jeunes s'enlace pour tenter de se consoler mutuellement. Des visages s'allongent, les yeux sont humides. Pierre, 34 ans, musicien, est "ecoeuré. Sarkozy a surfé sur les valeurs". Les partisans du nouveau président affichent quant à eux un large sourire, notamment parmi les personnels de l'ambassade. Moins démonstratif, Paul, 36 ans, cadre informatique, se félicite d'une "victoire nette", en prévenant déjà : "il ne peut pas décevoir. S'il fait déjà un quart de ce qu'il a promis, ce sera déjà bien". Durant l'allocution du nouveau président, quelques huées dans la salle suscitent l'indignation dans une partie du public : "taisez-vous, c'est la démocratie du respect", leur lance une supportrice de Sarkozy.

A quelques pas de là, ambiance très contenue au show room du constructeur automobile Peugeot sur la fameuse avenue Unter den Linden. Le Club des affaires franco-allemand y a organisé une soirée privée pour les élections. On doit payer 17 euros pour y entrer. Mais dès 21 heures, l'accès est gratuit. Jérôme, un cadre sup' installé à Berlin, se félicite du vote massif des français pour un candidat ayant un "programme clair". "Il m'a rassuré sur la position de la France face aux Etats-Unis", ajoute-t-il. Un autre jeune dirigeant en costume sombre, col ouvert, apprend que Ségolène Royal a rassemble" plus de sept français sur dix à Berlin : "C'est pas la France qui se lève tôt ça !", lance t-il sa coupe de champagne à la main.

Au centre culturel français, situé à l'ouest de la ville sur le Kurfurstendamm, la grande avenue berlinoise, deux salles retransmettaient la soirée électorale. Dans la salle branchée sur TF1, la clameur a accueilli les premiers résultats, tandis que dans celle captant France 2, un silence glacial a accompagné le verdict ...