Berlin risque la confrontation avec les grands de l'énergie

Le ministre de l'économie allemand, Michael Glos, ne craint pas d'aller au clash avec les grands groupes d'énergie. Dans une interview parue ce matin chez notre confrère Handelsblatt, il n'exclut pas une future mise aux enchères d'une partie des certificats d'émission de gaz carbonique (C02) attribués pour l'heure gratuitement aux industries polluantes.

"Si on accepte que le prix est la grandeur déterminante dans le négoce des certificats d'émission de C02, rien ne s'oppose de vendre ou de mettre aux enchères ces certificats dans le domaine de la production d'électricité", affirme le ministre chrétien-social (CSU) Michael Glos dans une interview publiée aujourd'hui chez notre confrère Handelsblatt. Son ministère qui a toujours soutenu le principe d'une distribution gratuite des quotas de droits à polluer, étudie en ce moment une révision de cette position. Le ministre des finances social-démocrate (SPD) Peer Steinbrück verrait cette augure d'un bon oeil, car un mécanisme d'enchères pourrait rapporter des milliards aux finances publiques.

Actuellement, les entreprises concernées reçoivent gratuitement les droits à polluer, et peuvent ensuite les vendre sur une bourse de négoces des quotas de CO2 si elles n'ont pas consommé la totalité de leur allocation. Celles qui les dépassent doivent au contraire acheter des certificats sous peine de payer des amendes.

Les grands du secteur, EON et RWE notamment, comptabilisent les droits reçus dans leur coût de revient du KwH, et ainsi les répercutent dans le prix facturé aux clients finaux. Cette pratique qui leur rapporte des milliards ne changerait pas pour les producteurs qui devraient demain débourser de l'argent pour obtenir une partie des dits certificats. Cela plomberait simplement leur trésorerie de manière significative.

Les réflexions du ministère allemand ont pour origine les directives de la Commission européenne autorisant à compter de 2008 de mettre aux enchères jusqu'à 10% des quotas d'émissions de CO2 à attribuer pour une nouvelle période. Outre-Rhin la majorité des députés SPD et CDU y sont favorables.

L'opposition entre le ministre Glos et les grands groupes allemands d'énergie est déjà forte sur fond de volonté ministérielle de vouloir renforcer le contrôle sur la formation des prix de l'énergie, ces derniers temps en fort dérapage. De facto cela est perçu dans l'industrie comme le retour à une pratique de prix administrés.

Autre sujet d'énervement pour le secteur de l'électricité, l'attitude de Berlin qui serait trop conciliante à l'égard de la Commission européenne, laquelle suggère dans le cadre de son "plan énergie" dévoilé le 10 janvier de scinder les groupes opérant à la fois dans la production et la distribution d'électricité. Glos déclare à ce sujet au Handelsblatt que la proposition européenne ne lui semble pas faire débat pour le moment, mais imagine que celle-ci puisse être envisagée comme "toute dernière démarche".

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