Un film chinois rafle l'Ours d'or au festival de Berlin

Un film outsider et à petit budget, "le mariage de Tuya", du cinéaste chinois Wang Quan'an, a déjoué les pronostics en raflant l'ours d'or du festival du film allemand qui s'est achevé hier soir. Les quatre grosses productions françaises en compétition n'ont reçu aucune récompense.

Le film français fortement représenté à la 57ème Berlinale est reparti bredouille. Et de l'afflux de productions hollywoodiennes n'est ressorti qu'un prix secondaire d'interprétation. Aussi, c'est comme souvent à Berlin un outsider, "Le mariage de Tuya" du cinéaste chinois Wang Quan'an, qui reçoit l'Ours d'or du meilleur film en clôture de ce festival cinématographique. Un choix qui ravira les superstitieux tandis que la Chine fête aujourd'hui son nouvel an.

Ce film d'un cinéaste de 41 ans évoque de manière poétique le destin de la jeune bergère Tuya, vivant avec son mari invalide, deux enfants et une centaine de moutons dans les steppes arides de la Mongolie intérieure, au nord de la Chine. Elle va chercher à contracter un second mariage pour subvenir aux besoins de sa famille, mais ne se laissera pas faire face aux prétendants se succédant pour l'avoir seule en seconde noce.

Wang Quan'an a voulu montrer qu'un mode de vie des paysans de Mongolie était en voie de disparition. Le gouvernement chinois les pousse à rejoindre les grandes villes du fait de la pollution des steppes causée par l'industrialisation intensive de l'empire du milieu. Le président du jury, le cinéaste américain Paul Schrader, a sans doute été sensible à cette oeuvre nous plongeant au-delà de son histoire dans un thème des plus actuels, la sauvegarde de l'environnement.

Egalement venu d'un pays dit émergent, le film argentin "El Otro" d'Ariel Rotter, âge seulement de 33 ans, a raflé deux récompenses, le grand prix du Jury et l'Ours d'argent du meilleur acteur masculin, attribué au comédien Julio Chavez. Celui-ci joue le rôle d'un homme qui décide de fuir sa vie et de prendre l'identité d'un mort. L'Ours d'argent du meilleur réalisateur est quant à lui revenu à l'Israélien Joseph Cedar, 38 ans, pour son film "Beaufort", huis clos oppressant qui a pour cadre un camp retranché d'une unité de l'armée israélienne au Liban, et montre la vie du commandant du camp et de ses hommes.

Le cinéma allemand qui connaît une vague de jeunes talents a également été honoré avec un autre prix d'interprétation, l'Ours d'argent de la meilleure actrice étant décerné à la jeune Allemande Nina Hoss. Dans le film "Yella", du cinéaste Christian Petzold, elle incarne une femme mystérieuse d'Allemagne de l'est fuyant son mariage raté pour chercher un nouveau bonheur à l'ouest du pays, dans la ville de Hanovre en Basse-Saxe.

Après Julia Jentsch récompensée en 2005 avec "Sophie Scholl" puis Sandra Hüller dans "Requiem" en 2006, une nouvelle actrice allemande crève l'écran. "Je n'ai jamais pensé gagner, pas un instant!" a-t-elle lancé lors de la cérémonie hier soir, moulée dans sa robe dorée. Elle s'est dite certaine que le prix irait à Marianne Faithfull. La chanteuse britannique était donnée favorite des pronostics pour son interprétation dans "Irina Palm", où elle campe une grand-mère amenée à travailler dans un sex-shop pour sauver son petit-fils. Ce film fort de Sam Gabarski repart toutefois sans récompense.

Le cinéma américain doit se contenter d'un prix d'interprétation collective pour "the good shepperd", le film de l'acteur réalisateur Robert de Niro mettant en scène Angelina Jolie et Matt Damon dans les principaux rôles. Le film raconte la fondation du service secret américain, la CIA, à travers l'engagement total d'un homme pour la protection de son pays.

L'impression dominante est que le palmarès du festival a honoré des jeunes talents et boudé des cinéastes connus, comme l'Américain Steven Soderbergh et son "The Good German" tourné en noir et blanc dans le Berlin en ruines de 1945, qui repart bredouille. Le même sort a touché les trois films français en compétition présentés par des cinéastes confirmés, "ne touchez pas la hache" de Jacques Rivette, "les témoins" d'André Téchiné, et "Angel" de François Ozon. Même la belle performance de Marion Cotillard soulignée par la critique pour son interprétation de Piaf dans "La Môme" d'Olivier Dahan n'aura pas suffi pour un prix.

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