La Fed baisse ses taux d'un demi point

Traitement de choc: la Réserve fédérale américaine a annoncé mardi soir une réduction d'un demi point de son taux de référence, ramené ainsi à 4,75%. Une diminution plus forte que généralement attendu, qui vise à aider les milieux financiers à retrouver leur calme après la succession des chocs liés à la crise des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis, et à soutenir l'économie. Wall Street bondit, l'euro atteint un record historique à 1,3979 dollar, le pétrole s'envole.

La mesure est nettement plus spectaculaire qu'attendu: la Réserve fédérale américaine a décidé ce mardi soir de réduire d'un demi point son taux de référence, ce qui ramène le taux des fonds fédéraux à 4,75%, son plus bas niveau depuis mai 2006. C'est la première baisse de ce taux directeur depuis juin 2003, et la première fois que la Fed le réduit de 50 points de base depuis novembre 2002.

Cette décision s'appuie, selon la banque centrale américaine, sur les incertitudes créées par l'évolution récente des marchés financiers, et vise à empêcher les effets négatifs sur l'économie des perturbations financières récentes. Dans le communiqué publié mardi soir, la Fed affirme ainsi que "la croissance économique a été modérée au premier semestre", mais que "le resserrement des conditions de crédit a le potentiel d'intensifier la correction du marché immobilier et de réduire plus généralement la croissance économique",

Il y a bien longtemps que la Réserve fédérale américaine n'avait été amenée à prendre une décision sur ses taux d'intérêt dans un contexte aussi incertain. Au point que les économistes, qui savent habituellement parfaitement à quoi s'attendre avant une réunion de la Fed, étaient beaucoup plus hésitants cette fois-ci.

Certes, un consensus était progressivement apparu ces derniers jours sur une baisse des taux d'un quart de point, qui aurait ramené le taux directeur à 5%. Mais une très grande incertitude prévalait quant au discours que devait tenir ce soir la Réserve fédérale et aux perspectives de mouvements ultérieurs.

Si le contexte est aussi incertain, c'est du fait des ravages exercés par la crise financière qui sévit depuis fin juillet. Dans un premier temps, la crise du subprime - ces crédits immobiliers octroyés à des ménages américaines peu solvables - a secoué les établissements financiers américains exposés à cette activité. Mais la crise s'est répercutée ensuite sur toutes sortes d'établissements financiers et de fonds d'investissements un peu partout autour du monde. Soit parce que ces établissements étaient effectivement exposés au risque subprime, soit parce que le reste de la communauté financière se demandait s'ils ne l'étaient pas... D'où les mouvements de panique qui ont pu affecter tel ou tel établissement, le cas le plus spectaculaire étant celui de la Northern Bank britannique, victime de retraits de fonds massifs de la part de ses clients.

La crise du subprime s'est ainsi transformée rapidement en véritable crise de confiance dans la sphère financière: les banques ne se prêtent plus entre elles, n'étant plus certaines de la capacité de leurs contreparties à les rembourser le moment venu.

Les banques centrales comme la Fed doivent donc oeuvrer à restaurer la confiance, ce qu'elles font notamment en distribuant d'abondantes liquidités. Mais il leur faut également s'interroger sur l'impact de la crise sur l'économie réelle. Avec une interrogation centrale: la crise du crédit va-t-elle enrayer l'activité économique?

A cet égard, nombre d'économistes estiment qu'une baisse sensible des taux américains est indispensable pour soutenir l'activité. Ceux-là plaidaient avec force pour une réduction immédiate d'un demi point du taux de référence de la Fed. A l'appui de cette thèse, les mauvais chiffres du dernier rapport sur l'emploi, avec les 4.000 destructions de postes observées en août. Et la décision de baisser sensiblement les taux d'intérêts américains aura pu également être facilitée par les bons chiffres qui viennent d'être publiés en matière d'inflation. En août, les prix à la production ont reculé de 1,4% par rapport au mois précédent, atténuant d'autant les pressions inflationnistes tant redoutées par la Réserve fédérale.

Ces considérations ont donc emporté la décision de la Fed, ce soir. En dépit du fait que, selon bien des spécialistes, les injections massives de liquidité et l'argent bon marché ne peuvent qu'alimenter les bulles financières et les excès de spéculation. De ce point de vue, une attitude plus prudente de la Fed aurait été parfaitement justifiée.

A Wall Street, en tout cas, la nouvelle a été accueillie avec enthousiasme. L'indice Dow Jones des trente principales valeurs a clôturé sur un gain de 2,51%, soit 335,97 points, à 13.739,39, tandis que l'indice élargi Standard & Poor's 500 a bondi de 2,92% (43,13 points) à 1.519,78. Le Dow et le S&P-500 n'avaient pas connu aussi forte hausse en pourcentage sur une séance, respectivement depuis avril et mars 2003. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, s'est adjugé de son côté 2,71% (70 points) à 2.651,66. A l'inverse, et fort logiquement, cette forte diminution de la rémunération du dollar a entraîné la devise américaine à la baisse. Si bien que l'euro a atteint un nouveau plus haut historique, à 1,3979 dollar.

Le pétrole, pour sa part, a atteint un nouveau record historique, le baril dépassant pour la première fois les 82 dollars à New York. Explication: les experts s'attendent à ce que la baisse des taux américains relance la consommation de pétrole aux Etats-Unis.

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