Perquisitions dans l'affaire Clearstream : Dominique de Villepin sur la sellette

Les juges ont perquisitionné jeudi au domicile de Dominique de Villepin puis vendredi dans un de ses bureaux. L'ex-Premier ministre est mis en cause dans l'affaire Clearstream par des éléments trouvés dans l'ordinateur du général Philippe Rondot, figure centrale du dossier interrogé mercredi comme témoin assisté. De manière indirecte, Jacques Chirac est, lui aussi, mis en cause.

Les juges qui enquêtent sur l'affaire Clearstream, Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, se sont rendus jeudi après-midi 5 juillet 2007 au domicile de Dominique de Villepin à Paris pour y mener une perquisition puis ont fait de même vendredi dans un de ses bureaux.

Ces perquisitions font suite à une expertise judiciaire de l'ordinateur du général Philippe Rondot, figure centrale du dossier, interrogé mercredi comme témoin assisté. Dans deux fichiers relatifs à l'affaire Clearstream comportant quatre notes, retenues par les juges d'instruction Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, le général fait état de déclarations de protagonistes du dossier Clearstream qui lui ont déclaré que Dominique de Villepin était à l'origine de la tentative de compromission devant la justice de Nicolas Sarkozy. Le général a confirmé leur authenticité.

Jacques Chirac serait lui aussi mis en cause dans cette affaire, selon une source citée par la radio "France info". La note contenue dans l'ordinateur du général Rondot laisse apparaître que l'idée de l'envoi des listings à M. van Ruymbeke aurait été suggérée à la demande du président de la République Jacques Chirac.

Dans un communiqué publié jeudi matin, Dominique de Villepin rappelle "qu'il n'a pas cherché à enquêter ni compromettre aucune personnalité politique dans l'affaire Clearstream". Il précise "qu'il n'a jamais eu de contact informatique de quelque sorte que ce soit avec aucun des protagonistes de ce dossier". Il souhaite "maintenant disposer du statut de témoin assisté" pour se défendre.

L'expertise versée au dossier le 27 juin révèle des éléments, sous forme de notes, qui n'avaient pas été versés dans la procédure jusqu'alors. Ces éléments étaient renfermés dans l'ordinateur portable de l'ancien militaire, dans lequel sa secrétaire lui transférait tous ses courriers. Les nouveaux éléments désignent notamment l'ex-chef du gouvernement comme étant à l'origine de la rencontre secrète en 2004 entre Jean-Louis Gergorin, ancien vice-président d'EADS, et le juge Renaud van Ruymbeke, qui devait recevoir par la suite, anonymement, mais en réalité de la part de Jean-Louis Gergorin, des listings Clearstream truqués.

Selon l'une des sources proches du dossier évoquée par l'Agence France Presse (AFP), l'envoi des listings à la justice est évoqué dans une "note informatique" du général comme une idée émanant de l'ex-premier ministre.
Selon une autre source proche du dossier, Jean-Louis Gergorin aurait dit à Imad Lahoud, mis en cause dans le dossier, que Dominique de Villepin lui avait demandé sur ordre de Jacques Chirac d'adresser les listings à la justice. Selon cette même source, Imad Lahoud l'aurait lui-même rapporté au général Rondot.

"Jean-Louis Gergorin aurait reçu instruction de Dominique de Villepin, elle même formulée par le président de la République, de +balancer+ Nicolas Sarkozy", précise France Info qui cite une partie de la note. Dans ces listings figuraient des noms et des numéros de comptes de personnalités, dont Nicolas Sarkozy, censées avoir touché de l'argent en marge de la vente des frégates de Taïwan en 1991, sur des comptes à l'étranger répertoriés chez Clearstream au Luxembourg.

Mercredi, le général Rondot, qui a été interrogé pendant près d'une dizaine d'heures par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, a répondu aux questions des juges sur le contenu de cet ordinateur. Dans cette affaire de "dénonciation calomnieuse", ces nouveaux éléments issus de l'expertise informatique font encourir à Dominique de Villepin une éventuelle mise en cause pour "complicité de dénonciation calomnieuse". Quant à Jacques Chirac, il a fait savoir le 22 juin qu'il ne témoignerait pas devant la justice "sur des faits accomplis ou connus durant son mandat".

Dominique de Villepin a réagi jeudi matin dans un communiqué. Il dit déplorer "profondément d'apprendre par la presse des accusations infondées alors que, simple témoin dans cette affaire, il ne peut utilement s'en défendre, n'ayant pas d'accès au dossier", réaffirmant qu'il n'a "pas cherché à enquêter ni compromettre aucune personnalité politique" dans cette affaire.

"Pour sortir de cette situation inadmissible, il souhaite maintenant disposer du statut de témoin assisté pour pouvoir bénéficier comme tout citoyen du droit de se défendre et faire valoir la vérité", ajoute-t-il. Ses détracteurs verront dans cette riposte une façon d'anticiper une audition en tant que témoin assisté (statut qui n'est pas celui de "mis en examen" mais se rapproche de celui de suspect).

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