Une semaine marquée par les suites de la crise financière

A la une de l'actualité cette semaine, les nouveaux contrecoups de la crise financière aux Etats-Unis, la révision à la baisse des prévisions de croissance par le gouvernement, BNP Paribas qui cesse de lorgner la Société générale, les bons résultats de la SNCF et la publication des comptes de l'UIMM ont aussi animé les débats.

Aux Etats-Unis, plusieurs établissements financiers ont publié des résultats dégradés pour le premier trimestre 2008.

Les banques américaines s'enlisent dans la crise des subprimes

En quasi-faillite en raison de son exposition aux crédits immobiliers à risque, la banque américaine Bear Stearns est l'objet de toutes les spéculations depuis le début de la semaine. Appuyée par la Réserve fédérale et l'administration Bush, JP Morgan Chase a proposé de racheter Bear Stearns pour 236 millions de dollars, soit 2 dollars par action, alors que le titre valait 30 dollars à Wall Street le vendredi précédent l'offre ! Si cette offre réussissait, JP Morgan Chase devrait débourser près de 6 milliards de dollars pour renflouer Bear Stearns. L'actionnariat de cette dernière s'est mobilisé pour contrer l'offre bradée.

Bear Stearns n'est pas la seule banque à subir la crise financière. Lehman Brothers, qui a présenté ses résultats mardi, a vu son bénéfice net reculer de 57% au premier trimestre 2008 par rapport à la même période de 2007, à 489 millions de dollars. A cause de son exposition aux subprimes, la banque d'investissements a dû passer 1,8 milliard de dollars de dépréciations d'actifs dans ses comptes. Le résultat trimestriel net de Goldman Sachs, rendu public le même jour, a chuté de 53%, à 1,51 milliard de dollars. De son côté, Morgan Stanley a présenté mercredi un bénéfice trimestriel en baisse de 42%, à 1,55 milliard de dollars. Les marchés, qui s'attendaient à des performances encore plus mauvaises, ont bien accueilli ces annonces.

La Réserve fédérale a tout de même jugé nécessaire de baisser son principal taux directeur de 0,75 point, de 3% à 2,25%, pour soutenir l'économie américaine.

Malgré la débâcle financière, Visa réalise une introduction en Bourse record

Le leader américain des cartes de crédit a mis mercredi à la disposition des investisseurs 406 millions de titres pour un prix d'émission de 44 dollars. Visa a ainsi levé plus de 17 milliards de dollars. C'est la plus importante introduction en bourse jamais réalisée à Wall Street. Face au succès de cette opération, Visa a annoncé jeudi débloquer 40,6 millions d'actions supplémentaires ce qui devrait lui rapporter près de 2 milliards de dollars de plus. A cause de la crise financière, très peu d'entreprises se sont risquées à s'introduire en bourse depuis cet été.

Le contexte international dégradé contraint Bercy à revoir à la baisse ses prévisions de croissance

La ministre de l'Economie Christine Lagarde a annoncé jeudi que les prévisions de croissance seraient réévaluées en "légère baisse" à la mi-avril. Jusqu'à maintenant, le gouvernement tablait sur une progression d'environ 2% du produit intérieur brut (PIB) en 2008. L'Insee est aussi revenu vendredi sur ses prévisions de croissance. D'après l'institut de la statistique, le PIB devrait augmenter de 0,4% au premier trimestre 2008 et de 0,8% au second. L'acquis de croissance, c'est-à-dire le taux de croissance que réaliserait l'économie en 2008 si l'activité s'interrompait totalement à la fin du premier semestre, atteindrait donc 1,4% et non 1,7% comme prévu en décembre. Pour l'Insee, la crise financière, la hausse des cours des matières premières agricoles, du pétrole et de l'euro rendent inévitable ce ralentissement. Cependant, malgré ce contexte difficile et le revers de la droite aux élections municipales, Nicolas Sarkozy a soutenu mercredi : "Il n'y aura ni ralentissement des réformes, ni plan de rigueur".

BNP Paribas renonce à lancer une offre sur la Société générale

Dans un communiqué publié mercredi, BNP Paribas a indiqué qu'elle avait "cessé d'étudier un éventuel rapprochement avec la Société Générale". "Les conditions permettant de réaliser une opération créatrice de valeur pour (nos) actionnaires ne sont pas réunies", s'est justifiée BNP Paribas. Avec cette annonce, la banque dirigée par Baudoin Prot entend mettre un terme aux rumeurs qui tiraient son cours vers le bas, à l'inverse de celui du titre Société Générale. Les marchés s'attendaient à un assaut sur la Société Générale depuis la révélation, en janvier dernier, de sa perte exceptionnelle de près de 5 milliards d'euros. Compte tenu de la réglementation boursière, BNP Paribas ne peut plus revenir sur sa décision pendant les six prochains mois.

La SNCF réalise un bénéfice historique en 2007.

La SNCF a présenté mercredi des résultats exceptionnels pour 2007. L'entreprise publique a réalisé un bénéfice net de 1,042 milliard d'euros, soit près de trois fois son résultat de 2006, qui était de 368 millions d'euros. Au cours de cet exercice, la SNCF a également réduit sa dette de 30%, passant de 6,5 à 4,5 milliards d'euros. Pour la première fois de son histoire, la SNCF va verser un dividende de 131 millions d'euros à son principal actionnaire, l'Etat. Fort de ces performances, Guillaume Pepy, le nouveau président de la SNCF, a affiché de nouvelles ambitions. "Dans cinq ans, je veux que la SNCF soit un groupe de services de mobilité de dimension mondiale", a-t-il martelé. Le développement du fret et des réseaux régionaux, le renouvellement des infrastructures figurent parmi les priorités de groupe pour les années à venir. Les syndicats (Force Ouvrière, Fédération générale autonome des agents de conduite, Unsa et CGT) ont réclamé jeudi que les salariés profitent plus de ces bonnes performances.

L'UIMM se lance dans une opération transparence

Lors de sa convention nationale de mercredi, l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) a décidé de certifier ses comptes et de les rendre publics. La fédération patronale a lancé cette opération transparence pour restaurer sa réputation mise à mal depuis l'affaire Denis Gautier Sauvagnac ("DGS"). L'ancien Président-délégué général de l'UIMM est soupçonné, depuis cet automne, d'avoir détourné près de 20 millions d'euros. Il a quitté ses fonctions ce mois ci avec de confortables indemnités. De plus, d'après des données publiés ce mercredi, DGS a reçu un parachute doré de 1,5 million d'euros, 300.000 euros de mise à la retraite obligatoire, une retraite chapeau, qui lui sera versée tous les mois. Avec les charges patronales, l'UIMM aura versé en tout 2,6 millions d'euros pour se séparer de son dirigeant. La fédération a également révélé que sa caisse noire "d'entraide pour les entreprises de la métallurgie" contenait 332,5 millions d'euros, en valeur comptable. Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, a suggéré mercredi que ces fonds soient utilisés pour le financement du nouveau revenu de solidarité active.

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