Jeunes coeurs à vau-l'eau

Dans "Le premier venu", Jacques Doillon, toujours fin observateur de la jeunesse, suit les errances d'un duo de paumés. Lui, mauvais garçon, mauvais père, mari, fils et amant. Elle (lumineuse Clémentine Beaugrand) déterminée à lui donner son amour. Entre les deux, un jeune flic sert de tampon. Un film plein d'imprévus.

Quel est le secret de Jacques Doillon? Voilà trente ans qu'il observe les jeunes ("Un sac de billes", 1975) et tape toujours juste, tout en suivant au plus près leur évolution. Son petit dernier, "Le premier venu", révèle juste une tonalité un peu plus sombre que les précédents, une violence prête à éclater à chaque instant, pouvant conduire à d'incontrôlables débordements et à des dégâts irréparables. Ce ne sera pas le cas mais tout juste! Cette tension dans la conduite du film n'exclut pourtant pas les moments de légèreté, d'improvisation et de comédie.

Pour incarner son héros - ou plutôt son anti-héros - Doillon reprend un jeune acteur qu'il avait déjà fait travailler dans "Le petit criminel" (1990), Gérald Thomassin. Ce n'est pas ce "premier venu", nommé Costa, qui est le personnage principal du film, mais la fille qui - littéralement - lui court après, Camille (Clémentine Beaugrand, une révélation), une énigme tout en subtilité qui contraste avec la brutalité du garçon.

Dès la première scène, sur un quai de gare en Baie de Somme, il est clair que ces deux-là ont du mal à s'attacher l'un à l'autre. Mais aussi du mal à se détacher. Ils reviennent de Paris où il est monté et où ils se sont rencontrés. Toujours en quête de bonne fortune, Costa est un rien voyou, dans sa province où il mène une vie au petit bonheur la chance: il a quitté sa femme et son enfant pour retourner chez son père, un pauvre type qui vit du RMI.

Costa est un mauvais garçon sur toute la ligne: mauvais mari, mauvais père, mauvais fils et mauvais amant. Il n'a que sa belle gueule et ses fanfaronnades d'adolescent attardé.

Elle a été émue par ce vagabond et a décidé de l'aimer malgré lui. Elle est en quête d'absolu et ne s'embarrasse pas des obstacles qu'il s'ingénie à lui opposer. Elle vient manifestement d'un milieu nettement plus favorisé que lui, elle est plus intelligente, plus généreuse et sait très bien ce qu'elle veut: l'aimer, ne voir en lui que son potentiel positif.

Un troisième personnage surgi dans le champ, un jeune flic (Guillaume Saurrel) ami d'enfance de Costa, a beau inciter la jeune fille à laisser tomber et à regarder ailleurs - de préférence vers lui - rien n'y fait. Mais le flic est amoureux et s'obstine. Il aura fort à faire pour exister aux yeux de la fille. Mais à force de patience, il y parviendra.

De péripéties en accès de violence, le triangle amoureux qui se forme va vivre des moments chaotiques. Tant les chemins de la jeunesse sont imprévisibles, ouverts à tous les vents.

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