Hausse historique des salaires dans la sidérurgie outre-Rhin, de quoi alerter la BCE

Le grand syndicat allemand IG Metall a décroché une hausse de salaire de 5,2% dans le secteur de l'acier. Du jamais vu depuis quinze ans. La Banque centrale européenne pourrait s'émouvoir des risques inflationnistes d'une telle mesure.

Cela faisait quinze ans que cela n'était pas arrivé à un tel niveau : le grand syndicat allemand IG Metall a décroché une hausse de salaire de 5,2% dans le secteur de l'acier.

Certes, sur le papier, cet accord, qui entre en vigueur en mars et restera valable pendant un an, peut paraître limité puisqu'il ne concerne "que" 85.000 salariés des Etats régionaux (Lander) de Basse-Saxe, de Brême et de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans le nord et l'ouest du pays. Ils toucheront en outre une prime de 200 euros.

Mais il pourrait faire école d'autant qu'il a été jugé "adapté" par le ministre du Travail social démocrate (SPD, l'une des deux composantes de la majorité au pouvoir en Allemagne avec la CDU-CSU, les chrétiens démocrates). Ce dernier a déclaré à la radio Deutschlandfunk : "après les hausses modérées des salaires ces dernières années et après les deux années de forte croissance, il est nécessaire à présent de voir des hausses salariales plus conséquentes".

Toutefoisk le président de la confédération patronale (BDA) tout en se félicitant de cet accord qui éloigne les perspectives de grève dans le secteur lance qu'"il ne doit en aucun cas servir d'exemple pour les autres branches". Si les accords dans le domaine de l'acier ne servent pas forcément d'étalon, outre-Rhin, cette fois, il pourrait donner des idées d'autant que l'Allemagne connait une forte décrue du chômage mais aussi une importante hausse des prix qui risque d'amputer le pouvoir d'achat.

Ainsi, dans le secteur de la chimie, les syndicats réclament des augmentations de 7%. Dans la fonction publique, le grand syndicat des services Verdi (qui compte désormais plus d'adhérents que l'IG Metall) veut une hausse de 8% pour 1,3 million de fonctionnaires de l'Etat et des communes qui menacent sinon de multiplier les grèves.

Tout cela risque d'inquiéter fort la Banque centrale européenne (BCE), déjà alertée par la recrudescence de l'inflation dans la zone euro et notamment outre-Rhin et qui souligne régulièrement les risques inflationnistes des hausses de salaire. L'accord conclu dans la sidérurgie germanique risque fort de pousser la BCE à ne pas réduire ses taux - alors que cela pourrait permettre de soutenir l'activité économique - voire à menacer de les augmenter.

D'autant que les revendications et accords en Allemagne pourraient donner des idées à d'autres, par exemple au grand voisin français, agité ces derniers temps par la grogne des salariés sur la question du pouvoir d'achat, le président de la République Nicolas Sarkozy, élu en partie sur une promesse de faire mieux en la matière n'arrivant pas, apparemment, à combler les attentes.

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