La France riposte à Bruxelles sur ses déficits

Alors que la Commission européenne estime que le déficit public français va frôler la barre des 3% du PIB cette année et envisage des sanctions, la France persiste et maintient ses objectifs bien meilleurs. Selon Christine Lagarde, les prévisions de Bruxelles sont trop "pessimistes".

Lors de la publication de ses nouvelles prévisions économiques ce lundi, la Commission européenne a aussi distribué les mauvais points à certains pays membres, dont la France qui doit prendre la présidence de l'Union Européenne le 1er juillet prochain. Ainsi, selon la Commission, l'Hexagone va frôler cette année la limite de 3% du PIB autorisée pour le déficit public dans l'UE et même l'atteindre l'année prochaine.

Bruxelles s'attend en 2008 à une augmentation du déficit français à 2,9% du Produit intérieur brut (PIB), passant en 2009 à 3%, soit exactement la limite maximale tolérée dans l'Union européenne. Ces prévisions sont nettement plus pessimistes que celles de Paris, qui table pour l'heure sur un déficit ramené cette année à 2,5%, après 2,7% l'an dernier.

Cette dégradation s'explique notamment par un net ralentissement attendu de la croissance, qui ne devrait atteindre selon Bruxelles que 1,6% cette année et 1,4% l'an prochain, alors que Paris table dans le premier cas sur 1,7% à 2% et pour l'an prochain sur entre 1,75% et 2,25%.

De fait, la Commission européenne envisage de lancer une mise en garde dite précoce à la France en raison du dérapage de son déficit public. La situation dans laquelle se trouve la France "est un cas clair pour utiliser les instruments qui sont entre nos mains dans des cas pareils", à savoir l'envoi d'une mise en garde précoce de Bruxelles sur le creusement des déficits, a indiqué ce lundi le commissaire à l'Economie Joaquin Almunia. Le Royaume-Uni pourrait également être épinglé pour son déficit excessif, de l'ordre de 3,3% du PIB cette année.

Réagissant à cette mise en garde, le gouvernement français a réaffirmé ses objectifs de croissance et de déficit pour 2008 et 2009. "Je ne révise rien du tout", a déclaré la ministre de l'Economie Christine Lagarde, ajoutant : "J'accueille ces prévisions (de la Commission européennes, ndlr) avec intérêt et avec un certain scepticisme". "Je crois qu'ils sont très très pessimistes concernant les perspectives de croissance, en particulier sur 2009 - avec 1,4% ils sont très en dessous du consensus de place", a précisé la ministre.

Pour Christine Lagarde, les prévisions actualisées de l'exécutif européen ne tiennent "pas compte du tout" des effets de la loi de modernisation de l'économie, présentée lundi en conseil des ministres, et "très modérément" des efforts de réduction des dépenses publiques dans le cadre de la revue générale des politiques publiques (RGPP).

Bercy relève toutefois "plusieurs éléments positifs dans l'analyse de la Commission", en particulier l'"absence de preuves de restriction du crédit en France", malgré la crise des prêts immobiliers à risque américains, et "l'effet positif de la loi Tepa". Enfin, le ministère note que "le ralentissement projeté en France par Bruxelles est deux fois plus faible que dans le reste de la zone euro, alors qu'elle est soumise au même choc de croissance".

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