Nicolas Sarkozy provoque l'ire des syndicats avec ses propos sur le faible impact des grèves

Plusieurs responsables syndicaux ont critiqué vertement les propos du chef de l'Etat. "Désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit", avait-il affirmé samedi, devant l'UMP.

Plusieurs syndicats ainsi que le parti socialiste (PS) ont critiqué dimanche les propos de Nicolas Sarkozy sur le faible impact des grèves. Samedi, lors du Conseil national de l'UMP, le chef de l'Etat avait affirmé que "désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit", se félicitant de ce que la France était "en train de changer" et cela "beaucoup plus profondément qu'on ne le croit".

Dimanche, en l'absence du président, parti au Japon pour le sommet du G8, Claude Guéant a d'ailleurs tenté de justifier sur Europe 1 la déclaration litigieuse. "Cette phrase a surtout pour objet de constater que les relations sociales prennent un autre tour". Pour le secrétaire général de l'Elysée, le président voulait dire qu'avec la loi sur le service minimum dans les transports et ce qui est présenté comme une relance du dialogue social, l'approche de la grève avait changé.

"Encore une fois, c'est un mot de trop du président de la république. Il devrait être beaucoup plus prudent que ça", a déclaré dimanche le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly. Estimant que "les pouvoirs publics accélèrent les réformes, veulent mettre trente ou quarante dossiers sur la table pour essayer d'en faire passer quelques-uns", le leader de FO a souligné "un réel mécontentement des salariés" au sujet des retraites, du pouvoir d'achat ou de l'avenir du service public. "Ne pas tenir compte de ce mécontentement (...) c'est ne pas faire preuve de réalisme", a-t-il lancé.

Pour Maryse Dumas (CGT), "le président de la république fait une opération diversion parce qu'il a bien du mal à démontrer en quoi sa politique réussit". Non seulement Nicolas Sarkozy "ne connaît pas la réalité sociale car le nombre de grèves est très important", mais ses propos sont "méprisants" pour les grévistes tentant de se mobiliser sans trop gêner les usagers et pour les usagers eux-mêmes, a-t-elle estimé. "Le président joue avec le feu parce que si désormais pour faire entendre des revendications collectives les usagers doivent user de moyens d'actions qui gênent les autres, on risque d'entrer dans une spirale dangereuse pour notre pays", a mis en garde Maryse Dumas.

Un avis partagé par le président de la CFTC, Jacques Voisin, pour lequel "le risque est de balayer tout ce qui a été fait en matière d'alarme sociale et d'inciter aux conflits purs et durs, ce qui n'est pas souhaitable" sachant que "les relations dans le public, comme dans le privé, restent très tendues". "L'attitude très responsable des partenaires sociaux pour développer le dialogue social afin d'éviter les conflits est battue en brèche par les propos très politiques du président (...) C'est regrettable et de nature à attiser les conflits", a-t-il jugé.

De son côté, le porte-parole du PS, Julien Dray, a conseillé dimanche à Nicolas Sarkozy de "prendre garde" aux réactions sociales, estimant que "ses déclarations triomphantes à propos de l'inefficacité des grèves (donnent) toute la mesure de la manière dont il conçoit le dialogue social". S'adressant aux dirigeants de l'UMP ainsi qu'au Sarkozy, il a lancé: "qu'ils prennent garde, car comme on dit dans les cours de recréation: rira bien qui rira le dernier!"

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