Bataille européenne sur les conditions de réduction des émissions polluantes

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a refusé aujourd'hui tout compromis sur le plan proposé aux 27 Etats membres pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'Union européenne.

De nombreux pays membres ont émis des objections contre les mesures que la Commission européenne doit rendre publiques en principe dans la journée afin de réduire de 20% les émissions de CO2 en 2020 par rapport à 1990. "N'attendez pas de nous des compromis. Il en va de notre crédibilité vis à vis des citoyens européens", a averti M. Barroso lors d'une intervention devant le Parlement européen réuni en session à Strasbourg. "Réduire les émissions de carbone ne sera pas une tâche aisée. Nous en sommes très conscients", a-t-il reconnu. "Mais nous devons être sérieux, cohérents et responsables face à nos engagements", a-t-il affirmé.

"Nous avons trois objectifs: la compétitivité, la durabilité et la sécurité des approvisionnements", a-t-il rappelé. "L'Union européenne doit mener l'effort pour lutter contre le changement climatique, créer de nouveaux marchés et de nouveaux emplois", a insisté le président.

Plusieurs dirigeants européens ont émis des réserves sur les propositions préparées par la Commission européenne, dont les principaux points sont déjà connus même si des changements de dernière minute ne sont pas exclus. Le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy a écrit à M. Barroso pour lui faire part de "profondes objections sur les modalités d'application" retenues pour réduire les émissions de dioxyde de carbone des véhicules et pour contester la répartition de l'effort entre les Etats membres.

"La France souhaite que l'effort global de réduction des émissions attendu de chaque Etat membre d'ici 2020 varie selon le niveau de départ de ses émissions par habitants", a demandé M. Sarkozy.

Pourquoi le chef de l'Etat se réfère-t-il à ce critère plutôt qu'à celui retenu pas la Commission c'est-à-dire des objectifs nationaux fixés en fonction du PIB des Etats membres? Tout simplement parce que ce dernier est bien plus avantageux. La France dispose en effet du plus important parc de centrales nucléaires de l'Union Européenne, Or, ce mode production d'énergie électrique s'il a le gros défaut de produire des déchets hautement dangereux pendant des millions d'années dont on a beaucoup de mal à se débarrasser, possède néanmoins la qualité de n'émettre quasiment aucun gaz à effet de serre.

En conséquence de quoi les émissions de dioxyde de carbone (CO2) par tête sont bien moins élevées en France que dans les autres pays: 6,16 tonnes de CO2 par an pour un Français contre 10,15 tCO2/an pour un Allemand, 10,86 pour un Irlandais, 8,94 pour un Britannique. Les mesures préparées par la Commission européenne visent à limiter de 21% les émissions de carbone de l'industrie par rapport à leur niveau de 2005 et à porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale.

L'enjeu est donc bien économique. En fonction des bases de calcul retenues, l'effort de chaque Etat pour respecter les objectifs de réduction européens passera du simple au triple.

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