Les services à la personne n'auraient pas créé autant d'emplois qu'espéré, selon l'OFCE

Dans une étude dévoilée ce jeudi, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) lance une charge étonnante contre les services à la personne. L'Agence nationale des services à la personne (ANSP) conteste les chiffres avancés.

Les créations d'emplois dans le secteur des services à la personne (gardes d'enfant, ménage, etc), grande ambition de l'ancien ministre de l'Emploi et actuel ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, ont été surestimées, indique une étude de l'OFCE révélée par Le Parisien ce jeudi. Globalement, l'étude juge que l'enjeu de ces emplois se situe plutôt du côté de la qualité que de la quantité.

L'ANSP, établissement public chargé de promouvoir le développement du secteur, a annoncé 81.000 créations d'emplois en 2005, 104.000 emplois en 2006, et 128.000 en 2007, pour un total de 1,9 millions de salariés en 2007. "En équivalent temps plein, ce sont 121.000 nouveaux emplois qui ont été créés", précise l'agence.

L'objectif du plan Borloo de développement du secteur visait la création de 500.000 emplois en trois ans. L'ANSP "surestime" les créations d'emplois, indique de son côté l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), selon lequel le nombre total des salariés du secteur s'élevait "à 1,45 million au deuxième trimestre 2006, soit nettement moins que le 1,76 million de salariés communiqué par l'ANSP pour l'année 2006".

Déjà, en janvier, l'Insee avait estimé que le nombre de salariés employés par des particuliers s'élevait à plus de 1,6 million pour toute l'année 2006, en soulignant qu'il s'agissait d'une majorité de femmes au salaire global très faible, inférieur à 1.666 euros nets par an dans la moitié des cas, soit largement en dessous du seuil de pauvreté.

A tous ces chiffres, l'ANSP rétorque notamment que l'étude de l'OFCE date de deux ans, avec des chiffres pour 2004, 2005, 2006. "Or, l'activité des services à la personne, et donc le plan Borloo, a démarré en janvier 2006. Ils sont grosso modo en retard de deux ans", se défend l'ANSP.

Mais, pour l'OFCE, "il faut prendre garde au fait qu'une partie des salariés des services à la personne ont d'autres emplois dans d'autres secteurs". Ainsi, une même personne peut être employée à la fois par un particulier pour des tâches ménagères et par une entreprise pour des activités de nettoyage.

L'étude de l'Insee de janvier soulignait déjà que plus de 45.000 salariés avaient travaillé en 2006 à la fois comme agents de propreté dans une entreprise ou une administration, et comme employés de ménage chez des particuliers.

L'Insee a d'ailleurs corrigé à la baisse de 46% les effectifs salariés des particuliers employeurs, avant de les intégrer à ses estimations d'emploi, depuis le recensement de 1999. "En faisant l'hypothèse d'un taux analogue d'emplois principaux dans l'ensemble des services à la personne", le secteur représenterait "environ 5% de l'emploi marchand et contribuerait pour environ un quart (+42.300 personnes entre le deuxième trimestre 2005 et le deuxième trimestre 2006) à l'ensemble des créations d'emplois marchands", affirme l'OFCE.

En équivalent temps plein, la contribution de ce secteur serait "encore plus limitée (+14.700 personnes) en raison de la très faible durée du travail des emplois créés".

Car, pour l'OFCE, le problème central porte "plutôt sur la nature et la qualité des emplois dans ce secteur", qui sont "à temps très partiel": 12 heures par semaine, contre 23 heures en moyenne pour l'emploi à temps partiel dans son ensemble.

Ce à quoi l'ANSP répond que "la moyenne était de 12-13 heures en 2004, mais en 2007 on est monté à 18 heures. On tend vers un allongement des durées de travail".

L'OFCE regrette également la précarité du secteur, à l'instar du Conseil pour l'emploi, les revenus et la cohésion sociale (CERC), qui avait fait le même constat en février. Ainsi, les salariés employés de gré à gré n'ont quasiment aucun des droits dont jouissent leurs homologues non précaires : ils "n'ont pas accès à la formation, aux contrôles médicaux, à ceux de l'Inspection du travail ou à la médiation syndicale en cas de litige du travail", relève l'étude.

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