Les frères Dardenne tentent le grand chelem à Cannes

Après deux palmes d'or, les frères Dardenne concourent pour une troisième récompense au Festival de Cannes. Un exploit inédit qu'ils pourraient atteindre avec "Le silence de Lorna". L'histoire bouleversante d'une émigrée albanaise, objet d'une machination ourdie par un maffieux. Dans le rôle-titre, la jeune actrice Arta Dobroshi, originaire du Kosovo, est digne du prix d'interprétation.

Depuis "La Promesse", remarqué à la Quinzaine des réalisateurs en 1996, les frères Dardenne sont toujours sélectionnés en compétition officielle au Festival de Cannes. Et n'en repartent jamais bredouille. A chaque nouvel opus qu'ils réalisent (au rythme soutenu d'un tous les trois ans) et co-produisent (via leur société Les films du fleuve), ils impriment les mémoires avec un drame de la filiation, une histoire toujours symptomatique de l'époque contemporaine qu'ils dépeignent sans la moindre complaisance, avec une grande économie de moyens et d'effets.

I999 : première palme retentissante pour "Rosetta" et prix de la meilleure actrice pour Emilie Dequenne. 2002, prix du meilleur acteur pour Olivier Gourmet dans "Le fils". 2005 : deuxième palme d'or pour "L'enfant". L'exploit encore jamais atteint d'une troisième palme est-il possible avec "Le silence de Lorna"? Rien n'est impossible aux réalisateurs belges qui ont encore sidéré les festivaliers par l'acuité, l'intensité et l'efficacité de leur vision, toujours très réaliste mais pas exempte de l'étincelle d'humanité qui éclaire la noirceur du cadre.

Au cercle de leurs acteurs fétiches, Jérémie Renier (inoubliable père indigne dans "L'enfant"), Fabrizio Rongione (premier rôle masculin de "Rosetta") et Olivier Gourmet (cette fois dans un tout petit rôle de flic), les Dardenne ajoutent un nouveau visage, inconnu en Occident, la jeune actrice Arta Dobroshi qu'ils sont allés dénicher au Kosovo. Et qui s'impose d'emblée comme un prix d'interprétation très plausible.

Elle incarne Lorna, jeune émigrée albanaise nouvellement arrivée à Liège. Pour accéder à cet Occident dont elle rêve depuis longtemps, et ouvrir avec son fiancé un self-service, elle a accepté un marché sordide dont elle n'a pas bien pesé les tenants et aboutissants. Contre rémunération, elle a fait un mariage blanc avec un Belge, ce qui lui confère la nationalité de son époux. Celui-ci est un junkie qui tente de décrocher (Jérémie Renier, toujours très juste). Or, le mafieux italien qui tire les ficelles a un autre plan en tête: se débarrasser du junkie afin que Lorna épouse un mafieux russe prêt à payer beaucoup pour devenir belge...

Lorna va être le petit grain sable, la conscience humaine capable de mettre en échec cette implacable machination. Quoiqu'il lui en coûte.

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