L'OCDE plus optimiste pour les Etats-Unis que pour l'Europe

L'OCDE revoit à la baisse ses prévisions pour la France (1% de croissance attendu en 2008), l'Allemagne (1,5%), la zone euro (1,3%) et surtout la Grande-Bretagne (1,2%) qui ne devrait pas échapper à la récession. En revanche, elle confirme le rebond observé outre-Atlantique. La croissance américaine pourrait atteindre ainsi 1,8%.

L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a fortement revu en baisse sa prévision de croissance 2008 pour la France, à 1% contre 1,8% auparavant, dans ses perspectives économiques intérimaires, publiées ce mardi. "L'essentiel de la révision est due aux mauvaises nouvelles arrivées au deuxième trimestre, où on a eu une croissance négative de 1,2% en rythme annualisé, alors que nous anticipions +0,9%", a expliqué à l'AFP Jean-Luc Schneider, directeur adjoint du département économique de l'OCDE. "C'est une grosse mauvaise surprise et cela nous a amenés à réviser à la baisse la croissance sur la deuxième moitié 2008", a-t-il précisé (Retrouvez le rapport de l'OCDE sur les prévisions de croissance en cliquant ci-contre à droite dans la rubrique : "pour aller plus loin").

L'OCDE ne prévoit pas de "rebond faramineux" dès le troisième trimestre, et s'attend à ce que la France "croisse très peu pendant les deux prochains trimestres". La croissance de 1% évoquée par l'OCDE pour 2008 est voisine de ce qu'a pronostiqué lundi François Fillon. Le Premier ministre a en effet affirmé espérer seulement "un peu plus de 1%" cette année, ce qui laisse planer le doute sur la capacité de la France à freiner son déficit public.

Pour l'ensemble de la zone euro, l'OCDE a abaissé sa prévision de croissance 2008 pour la zone euro à 1,3% contre 1,7% auparavant. Là aussi, "une bonne partie de cette révision vient de ce qui a été publié pour le deuxième trimestre, à savoir une mauvaise surprise, qui entraîne donc une forte baisse de la prévision pour la zone euro", a commenté Jean-Luc Schneider. L'économie de la zone euro s'est contractée de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier.

La mauvaise performance de la zone est également due à "une faible participation du commerce extérieur", qui a notamment été gêné par le niveau élevé de l'euro au premier semestre, a ajouté l'économiste. La prévision pour l'Allemagne est abaissée à 1,5% contre 1,9% lors des prévisions parues en mai, mais reste nettement au-dessus de la France (1% contre 1,8%) et surtout de l'Italie, lanterne rouge de la zone euro avec une croissance attendue à 0,1% pour cette année contre 0,5% auparavant. La zone euro est à présent plus proche de la récession que les Etats-Unis, d'après Jean-Luc Schneider.

Pour la première économie mondiale, l'OCDE a en revanche revu en nette hausse sa prévision de croissance 2008, à 1,8% contre 1,2% auparavant. Cette révision est "essentiellement due à l'extrêmement bon chiffre de croissance du deuxième trimestre", explique Jean-Luc Schneider. La croissance américaine a été révisée la semaine dernière en très forte hausse pour le deuxième trimestre, à 3,3% au lieu de 1,9% annoncé initialement.

Cette performance est due "en partie au commerce extérieur, en partie au stimulus fiscal qui a été perçu plus vite que prévu, voire anticipé par les consommateurs américains, qui l'ont dépensé plus rapidement qu'espéré", poursuit Jean-Luc Schneider. Pour les troisième et quatrième trimestres, l'OCDE prévoit 0,9% et 0,7% de croissance respective en rythme annualisé, mais "avec une incertitude très large".

Si l'OCDE n'exclut pas totalement les possibilités de récession aux Etats-Unis cette année, "nous n'avons pas dans nos projections de chiffres négatifs pour les prochains trimestres" pour la croissance américaine, précise l'expert du château de La Muette.

La grande économie la plus mal orientée reste celle de Grande-Bretagne, selon l'OCDE. Celle-ci anticipe une récession pour les deux derniers trimestres de l'année, mais une croissance positive sur l'ensemble de 2008. Pour les troisième et quatrième trimestres, l'OCDE table sur une contraction de 0,3% et 0,4% de l'activité en rythme annualisé outre-Manche.

Sur l'ensemble de l'année, la prévision de croissance reste cependant positive (1,2%), même si elle est nettement revue en baisse comparé à la précédente (1,8%). "On est en chute massive de l'économie depuis deux trimestres et nos modèles prévoient que sur ce type de dynamiques, il est peu probable que ça s'arrête là", continue Jean-Luc Schneider, ajoutant que "c'est essentiellement dû à la chute des prix observée sur le marché immobilier".

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