Derniers jours au Liban

Dans "Beaufort", l'israélien Joseph Cedar retrace les derniers jours de jeunes soldats israéliens dans une forteresse au sud du Liban, avant le retrait de Tsahal, en 2000. Le film rend tangibles la peur et l'absurde d'une mission qui doit s'achever par la liquidation.

Mai 2000, Sud du Liban. Dans une vieille forteresse datant des croisades, au sommet d'une montagne battue par les vents, un jeune israélien de 22 ans commande une petite garnison. La chose est d'autant moins aisée qu'après dix-huit ans d'occupation, l'armée israélienne doit se retirer du Liban, laissant derrière elle une génération d'Israéliens traumatisée par le conflit meurtrier nommé "Paix en Galilée" lequel, comme on sait, est loin d'avoir rempli son objectif.

Adaptant le récit éponyme du journaliste Ron Leshem, le réalisateur Joseph Cedar, qui a vécu personnellement cette guerre, rend palpables la peur qui tient au ventre et l'absurde d'une mission qui doit s'achever par la liquidation. Un sentiment de gâchis humain et d'inutilité plane sur le film qui n'est pas sans rappeler "Le désert des Tartares".

Pour l'heure, il s'agit de tenir la place forte sans attaquer. Au jour le jour, le très jeune officier se trouve confronté à des décisions et à des prises de risques qui le dépassent manifestement, mettant en péril la vie de ces soldats. Pour être purement défensive, la mission n'en est pas moins dangereuse et les accidents sont nombreux. Le terrain est truffé de mines et les tirs des Palestiniens imprévisibles.

Dans cette forteresse hautement symbolique, conquise par l'armée d'Israël en 1982, signalant le début de la guerre du Liban, les soldats vivent comme des rats, à travers le réseau de galeries souterraines. A leur contact, le jeune officier voit s'effondrer les certitudes apprises à l'école, assistant impuissant à la déliquescence physique et mentale des recrues qui caressent des projets à mille lieues de la réalité sordide. Cela l'affecte d'autant plus que la désintégration de la forteresse est programmée et que l'explosion finale rendra le sacrifice des soldats absurde.

Plein d'une émotion contenue et d'une grande richesse humaine, le film a remporté l'Ours d'argent du meilleur réalisateur au festival du film de Berlin 2007. Récompense amplement méritée.

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