Les autres films de la semaine

Parmi les autres sorties cinéma de ce mercredi : "La Zona", "Un coeur simple", "Crimes à Oxford", "J'ai toujours rêvé d'être un gangster", "Les larmes de Madame Wang", "Lou Reed - Berlin".

"La Zona"

Ce premier film de Rodrigo Pla révèle les clivages sociaux effarants qui opposent riches et pauvres à Mexico, les premiers imposant leur loi avec la complicité de policiers corrompus. "La Zona" est une cité résidentielle aisée, entourée de murs rehaussés de barbelés et protégée par un service de sécurité privé composé de gardes armés jusqu'aux dents et doté d'un équipement hyper perfectionné. Par une nuit d'orage, profitant d'une coupure de courant et d'une brèche dans le mur d'enceinte, trois adolescents des quartiers pauvres se faufilent dans la résidence. Le pillage en règle d'une villa tourne mal. La propriétaire est tuée, ainsi que deux ados. Plutôt que de prévenir les autorités, l'association des résidents décident de se faire justice eux-mêmes et lancent une chasse à l'homme contre le troisième garçon, planqué quelque part dans la cité. La traque sera sans piété, malgré l'intervention d'un jeune résident qui prend en pitié le délinquant, tentant en vain de calmer la paranoïa sécuritaire des habitants. Un film qui fait froid dans le dos.
"Un coeur simple"

Pour son premier film, Marion Laine est partie du conte de Flaubert "Un coeur simple" qui retrace en quelques pages elliptiques la vie d'une servante au grand coeur, Félicité, vieille fille boiteuse, qu'on prend pour une idiote, entièrement dévouée à ses maîtres, des bourgeois de Normandie. Servi par l'excellente Sandrine Bonnaire, le film embrasse vingt années dans l'existence de cette paysanne illettrée, depuis le premier amour pour un séducteur vite envolé jusqu'à son dernier : un perroquet offert par une voisine. Entretemps, Félicité, qui déborde du besoin d'amour, n'aura connu que des rebuffades, qu'il s'agisse de son neveu qu'elle prend sous sa coupe, ou de la fille de son intraitable maîtresse. Mais Félicité, contre vents et marées, poursuit son chemin en clopinant, traversant comme un météore ce film poignant.

"Crimes à Oxford"

L'atmosphère évoque Agatha Christie et Alfred Hitchcock. Le lieu effectivement s'y prête, Oxford, le scénario aussi, une série de crimes. Les amateurs de policiers soignés seront à la fête avec "Crimes à Oxford" du réalisateur Alex de la Iglesia ("Mes chers voisins", "Le crime farpait"). Basé sur un roman de l'argentin Guillermo Martinez ( "Mathématique du crime"), ce thriller élégant met en scène un tandem original, un génie britannique des maths (John Hunt, la classe shakespearienne) et son étudiant américain (Elijah Wood, émerveillé permanent), engagés à résoudre des meurtres. Ces crimes relèvent-ils d'une logique ou d'une simple conjonction de facteurs humains ? La question forme la trame de ce policier qui ne manque pas de suspense -c'est le moins qu'on puisse attendre d'un tel exercice- mais mériterait un rythme plus soutenu. A signaler dans le casting, Leonor Watling (attirante en diable) et Dominique Pignon (énigmatique et touchant).
"J'ai toujours rêvé d'être un gangster"

Ce film a sketches parfaitement atypique de Samuel Benchetrit égrène, en noir et blanc, des historiettes mi drolatiques mi nostalgiques sur des branquignoles qui rêvent de devenir (ou de redevenir) gangster. Le tout se croisant dans un même lieu, un bar d'autoroutes dont la serveuse est elle-même une braqueuse (Anna Mouglalis) qui déjoue le braquage d'un client maladroit (Edouard Baer). Parmi les morceaux de bravoure, on relève le face-à-face des deux crooners fatigués - Alain Bashung et Arno -qui s'accusent mutuellement de pillage artistique. Ou encore la bande de cinq papy flingueurs qui rêvent de retrouver leur fougue d'antan. N.T.

"Les larmes de Madame Wang"

Ce film du Chinois Lliu Bingjian en dit long sur les évolutions récentes dans l'Empire du milieu et sur le choc entre modernité effrénée et persistance des traditions. Artiste au chômage, Madame Wang vend clandestinement des CD et des DVD dans les rues de Pékin. Mais elle doit quitter précipitamment la capitale pour renflouer les dettes de son mari, joueur invétéré de majong. De son retour dans sa ville natale, dans la province du Guizhou, Madame Wang, affublée d'une enfant abandonnée demande de l'aide à son ex petit ami. Lequel lui conseille de devenir pleureuse professionnelle dans les cérémonies funéraires. En fait il s'agit de chanter les louanges du défunt. Ce dont la belle s'acquitte d'autant mieux qu'elle ne l'a pas connu !

"Lou Reed - Berlin"

Après U2 il y a quelques semaines et avant les Rolling Stones filmés par Scorsese, c'est Lou Reed qui reçoit les honneurs du grand écran. L'ex-chanteur du Velvet Underground interprète ici son album-concept "Berlin" qui suit le destin de deux amants empêtrés dans la drogue, la violence et la jalousie et qui connut un échec critique et commercial à sa sortie en 1973. Lou Reed n'avait jamais interprété sur scène ce disque devenu un classique avant ces cinq soirées de 2006 à Brooklyn qu'a filmées - de manière extrêmement classique - Julian Schnabel. On espérait mieux du réalisateur du "Scaphandre et le papillon", Prix de la Mise en Scène à Cannes. Reste la musique - impeccable -, un beau duo avec le chanteur Antony, et un Lou Reed plutôt réservé mais dont l'émotion subtile est bien captée par de nombreux gros plans. A conseiller aux fans.

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