Le groupe Boeing a annoncé ce mercredi un nouveau retard de trois mois pour le démarrage de son long-courrier 787 "Dreamliner" (littéralement avion de rêve). L'avionneur américain, déjà en retard de six mois sur son programme initial, continue de se heurter à une série de difficultés et pourrait reporter à juin le premier vol du 787, indiquait dans son édition de mercredi le Wall Street Journal (WSJ), quotidien des affaires américain, citant des sources proches du dossier.

Des retards et ruptures de stocks dans la production de pièces détachées chez ses sous-traitants l'obligent à décaler tout son calendrier de production. Boeing ne pourra donc pas livrer les 109 premiers appareils qu'il avait prévus d'ici la fin 2009, et risque de devoir verser des millions de dollars de pénalités à ses clients. Déjà, des difficultés de production avaient obligé l'avionneur américain à annoncer début octobre un report des premières livraisons du 787 à fin novembre ou décembre 2008, au lieu de mai 2008 prévu à l'origine. Et le premier vol d'essai avait été reporté à mai 2008 au lieu de fin 2007.

Pour réduire ses coûts, Boeing a organisé un système de production complexe et inédit, fondé sur la sous-traitance de nombreuses parties de l'appareil à un vaste réseau de fournisseurs extérieurs. Mais beaucoup d'entre eux ont produit leurs pièces très lentement, et Boeing a les plus grandes difficultés à leur faire accélérer le travail, explique le WSJ. Et d'ajouter que l'avion qui doit effectuer son premier vol d'essai n'a pas encore été câblé ni équipé des systèmes de pilotage, et ce vol pourrait ne pas avoir lieu avant juin, neuf mois plus tard que prévu initialement.

De quoi retarder l'homologation de l'appareil par l'autorité fédérale de l'aviation, (la FAA) à début 2009, ainsi que la livraison des premiers modèles à la compagnie japonaise All Nippon, qui en a commandé 50. Le principal client du Dreamliner, la compagnie de leasing ILFC (International Lease Finance Corp.), qui en a commandé 74, a minimisé le problème, indiquant avoir craint des retards bien plus importants. "Je serai surpris si le retard est inférieur à trois mois", a déclaré son PDG John Plueger, cité par le WSJ. Selon lui, mieux vaut un petit retard qu'un avion qui ne serait pas parfaitement au point. "Cet appareil sera la base de tous les nouveaux appareils construits par Boeing à l'avenir, il faut qu'il soit impeccable", a-t-il ajouté.

Malgré ces soucis, le 787 est le plus grand succès commercial de Boeing à ce jour: le groupe a enregistré 817 commandes venant de 53 clients. Construit en matériaux plus légers et économes en carburant, il devrait coûter 20% de moins en frais opérationnels qu'un appareil plus ancien, et ses coûts de maintenance devraient être inférieurs de 30%.