Le président d'Auchan France regrette la stigmatisation de la grande distribution dans le débat actuel sur l'évolution des prix dans les hypermarchés. Dans une interview accordée au Monde, Arnaud Mulliez de dit "choqué et énervé", suite à la visite fort médiatisée de Luc Chatel dans un hypermarché Auchan de la banlieue de Strasbourg, puis dans un Kaufland à Kehl, de l'autre côté de la frontière. Le porte-parole du gouvernement avait alors estimé, après avoir acheté 8 produits dans chacun des deux magasins, que les prix étaient moins chers de 14% outre-Rhin.

La conjoncture actuelle se ressent déjà dans les magasins Auchan, indique Arnaud Mulliez. "Nos clients se restreignent", observe-t-il. Les clients de l'enseigne, numéro quatre du marché français avec 9,6% du marché, ont tendance à acheter davantage de produits vendus en vrac dans ses rayons Self-discount, arme lancée il y a quelques années par Auchan pour rivaliser avec les petits prix des hard-discounters allemands, Lidl et Aldi. Le gouvernement espère aujourd'hui faciliter le développement de ces derniers sur le territoire français en rehaussant le seuil d'autorisation de création de nouveaux magasins à 1.000 m² (contre 300 m² actuellement).

Cette tactique n'est pas du goût d'Arnaud Mulliez. "Pourquoi favoriser un seul format de magasin ? Faisons donc sauter ce seuil d'autorisation ! Et regardons les conséquences des conséquences", avance-t-il, en faisant allusion aux "480 millions d'euros" qu'Auchan compte investir dans la rénovation de ses magasins. "Les discompteurs (enseignes de hard discount, NDLR) ouvrent eux, souvent, des boîtes-à-chaussures", regrette-t-il, en dénonçant le manque d'effectifs dans ces magasins (un salarié pour 100 mètres carré, contre 4 dans un magasin Auchan).