Pacifique Polynésie

C'est un voyage au bout des monde que propose le Musée du quai Branly, un voyage plus dans les civilisations polynésiennes que dans le temps, limité à un siècle. Un voyage extraordinaire.

Haere mai, Maeva, Kia Ora, Afio mai, Aloa: le ton est donné. Après avoir salué Ku au pied de l'escalier, une figure géante hawaïenne de 2,67 m, une des trois pièces colossales océaniennes préservée au monde - le visiteur est accueilli par des messages de bienvenue, en maori, tahitien, samoan ou hawaïen. La Polynésie (du grec poly et nesos, les îles nombreuses) est un immense territoire allant de l'île de Pâques à l'Est aux Îles Salomon à l'Ouest, de Hawaii au Nord à la Nouvelle Zélande au Sud, ayant pour points communs le Pacifique et des populations originaires initialement de l'Asie du Sud Est, les premières ayant débarqué aux Vanuatu sans doute vers 1.000 avant J.C.

Depuis, ces peuplades ont vécu en quasi autarcie, jusqu'à l'arrivée des premiers blancs au XVI° siècle, mais leur vrai bouleversement se déroule entre 1760 et 1860 avec la ruée d'explorateurs, scientifiques, baleiniers, marchands, artistes, planteurs et missionnaires anglais, hollandais, français, espagnols, allemands, venus en colonisateurs conquérants. En une centaine d'années, ces bouts de territoires égarés dans l'Océan ont été convertis au christianisme et ont perdu une grande partie, non de leurs âmes, toujours présentes, mais de leurs vies ancestrales. C'est ce siècle que détaille la très belle et très instructive exposition que dédie le Musée du Quai Branly à cette région lointaine et mal connue, à travers 250 objets, souvent d'une étonnante beauté. A noter que beaucoup de ces pièces viennent d'institutions étrangères, notamment du British Museum.

Le parcours, se déroule selon six thématiques. D'emblée, bien sûr, le préambule qui situe géographiquement et socialement, mais surtout spirituellement, la plupart de ces îles, reliées par un océan nourricier et une communauté d'âmes. Suivent des séquences consacrées à la mer, à la terre, aux temples, à la collecte et aux divinités, dans un logique évidente. Autant de rôles cruciaux, représentés par des objets de toute sorte, effigies, statues, instruments, habits, bijoux. Beaucoup d'entre eux, y compris des outils du quotidien, coupes, pagaies, couvre-épaules, haches, sont d'une finesse étonnante, d'une beauté artistique qui a inspiré Picasso ou Moore. Ces objets dont la plupart sont destinés à honorer les dieux présentent une remarquable valeur culture, d'où "leur force" comme disent les spécialistes. D'ailleurs les nombreux européens présents à l'époque, Cook en tête, se sont empressés de collecter ces trésors en échange d'étoffes, armes et métaux dont les polynésiens étaient curieux.

Grâce à cette remarquable exposition, le visiteur réalise un superbe voyage au bout du monde et surtout découvre des peuplades au riche passé culturel, un passé enfui du fait d'une colonisation implacable, un passé qui aujourd'hui est ressuscité localement. Cette exposition est là pour exprimer ce renouveau.

Jusqu'au 14 septembre, Musée du Quai Branly. Renseignements: www.quaibranly.fr
A lire, "Polynésie, arts et divinités", éditions du Quai Branly-RMN, 287 pages, 39 euros, qui présente l'exposition avec une première partie très instructive et dans la seconde les objets classés géographiquement et non par thème.

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