Crise du "subprime" : le fonds d'investissement KKR en difficulté

KKR Financial Holdings, filiale de KKR, a reporté pour la deuxième fois en cinq mois le remboursement de milliards de dollars de papier commercial et entamé une nouvelle série de négociations avec ses créanciers. Cette mesure permet d'organiser des "discussions en vue d'un rééchelonnement".

Pas un jour décidément sans que la tourmente financière ne fasse une nouvelle victime! Cette fois, c'est le célèbre fonds d'investissement KKR (pour Kohlberg Kravis & Roberts) qui est sur la sellette. KKR Financial Holdings, filiale du fonds d'investissement KKR, a reporté pour la deuxième fois en cinq mois le remboursement de milliards de dollars de papier commercial et entamé une nouvelle série de négociations avec ses créanciers. Dans des documents transmis mardi aux autorités boursières américaines (Securities and Exchange Commission, SEC) le groupe précise qu'un remboursement lié à des obligations adossés à des prêts immobiliers a été repoussé du 15 février au 3 mars.

KKR Financial précise que cette mesure permettrait d'organiser des "discussions en vue d'un rééchelonnement". La date butoir pour le remboursement de ces dettes avait déjà été repoussée une première fois à la suite d'un accord de restructuration conclu en octobre.
Cette annonce est d'autant plus préoccupante que KFN avait déjà dû être sauvé en catastrophe fin septembre. A cette époque, les fondateurs Henry Kravis et George Roberts avaient sauvé la société en injectant des fonds. Mais les besoins n'étaient alors que de 270 millions de dollars. Ils se compteraient aujourd'hui en milliards.

KFN est un archétype des investissements osés pris sur le marché immobilier américain. La filiale de KKR a emprunté massivement sur le marché des "commercial papers" pour investir sur les produits dérivés de prêts immobiliers américains dits "subprime". La crise de ces derniers a logiquement fragilisé le bilan de KFN qui a été obligé de vendre à perte quelques 5,3 milliards de dollars de ces actifs immobiliers en août. On comprend que les fonds nécessaires au remboursement désormais imminent des CP manquaient cruellement. Déjà, la semaine dernière, S&P avait abaissé de deux crans la notation d'une des filiales de KFN, KKR Pacific.

La crise de KFN est inquiétante à plus d'un titre. D'abord parce que KKR a lourdement investi dans nombre de sociétés, cotées ou non, et pourrait être tenté de vendre massivement ses participations. Les marchés, Tokyo en tête, réagissent fort mal à ces difficultés. D'autre part, ces nouveaux déboires ont fait grimper une nouvelle fois le coût du risque en Europe. L'indice Markit iTraxx Crossover, qui calcule la prime de rendement exigée pour un panel de 50 sociétés notées "obligations pourries" (junk bonds) a grimpé de 25 points à 610 points, ce qui constitue un nouveau record.

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