Martial Solal ouvre son carnet de notes

Lucide, exigeant, humoristique, Martial Solal se remet toujours en cause à 80 ans passés. Son autobiographie s'apparente à un carnet de notes.

"Je crois que je ne suis à l'aise que dans les situations compliquées". Tout Martial Solal est dans cet aveu. A l'heure de l'autobiographie, le pianiste, 80 ans au compteur, porte un regard lucide et amusé sur sa vie de musicien.

Sa musique n'a cessé de dérouter. Trop brillante pour les uns, trop sévère pour les autres. L'auteur livre la clé: "j'aurai passé ma vie à apprendre". L'algérois autodidacte, recalé au conservatoire, aligne les compositions sur tous les terrains et pour toutes les formations, du classique trio au grand orchestre. Ses trophées ne se comptent plus et son ardeur juvénile est intacte.

Derrière son piano ou dans ses interviews, la surprise et l'humour sont en permanence au coin de chaque phrase. Renvoyé du lycée à Alger en 1942 par suite des décrets anti-juifs de Vichy, Martial commente: "j'ai eu finalement beaucoup de chance. Sans les nazis et Vichy, je serais devenu comptable, employé de bureau ou commerçant". Son aventure musicale peut commencer. Pianiste dans l'orchestre de bal du casino d'Alger, il va bientôt se lasser et choisit de "monter" à Paris.

La vie de club à Saint-Germain-des Prés, le premier voyage à New York - où il envisage de s'installer -, les musiques de films pour Godard (A bout de souffle), Melville (Léon Morin, prêtre), Martial Solal évoque son parcours avec toujours le détail qui interpelle. Comme par exemple cette composition, alimentaire, écrite au pied levé d'une chanson du plus pur style yé-yé "Twist à Saint-Tropez": "un triomphe qui continue quarante ans, c'est désespérant!".

Le compositeur de "Suite en ré bémol pour quartette de jazz" (1959) aura toujours été un improvisateur permanent. C'est là tout son charme. Et Martial Solal, foudre de guerre, n'entend pas rendre ses armes, celles de la précision et de la dérision. Dans une ultime pirouette, il confie: "j'espère qu'on va bientôt dire de moi: il joue bien pour son âge!".

Ma vie sur un tabouret. Martial Solal avec le concours de Franck Médioni. Editions Actes Sud. 176 pages.18,80 euros.

Journée spéciale sur France Musique
Ce vendredi 13 mai, France Musique consacre une grande partie de son programme à Martial Solal avec la rediffusion de nombreux concerts et notamment entre 23 h et 2 heures du matin dans Jazz Club, Martial Solal en solo et en trio avec deux contrebassistes ( François Moutin et Mads Vinding).

Discographie: dernier album paru "Longitude" (Camjazz).

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