Après des mois d'atermoiement, les compagnies aériennes Delta Air Lines et Northwest Airlines sont finalement parvenues à trouver un accord de fusion. Les conseils d'administrations des deux compagnies américaines ont en effet validé dans la nuit de lundi à mardi ce mariage qui va donner naissance à la plus importante compagnie aérienne au monde. Malgré l'opposition des pilotes, en désaccord sur l'élaboration d'une grille d'ancienneté commune aux deux compagnies, les conseils d'administrations de Delta et de Northwest ont décidé de passer outre, au risque d'un conflit social.

L'objectif de la fusion entre Delta, troisième compagnie aérienne américaine, et Northwest, la cinquième, est de réduire les coûts, sur fond d'envolée des prix des carburants, et d'être plus compétitives sur le plan mondial, alors que les compagnies étrangères desservent de plus en plus les Etats-Unis.

Techniquement, Delta va acquérir Northwest par un échange d'actions au terme duquel les actionnaires de Northwest recevront 1,25 action Delta pour chaque titre Northwest qu'ils détiennent. Cela équivaut pour les actionnaires de Northwest à recevoir 13,10 dollars par action sur la base du cours de clôture de Delta lundi (10,48 dollars), soit une prime de 17% par rapport au cours de clôture de Northwest (11,22 dollars). L'opération s'élève à environ 3 milliards de dollars, soit l'équivalent de 1,9 milliard d'euros. La nouvelle compagnie aura son siège à Atlanta et s'appellera "Delta".

L'actuel directeur général de Delta Air Lines, Richard Anderson, pilotera le nouvel ensemble qui aura accès à 390 destinations dans 67 pays, avec un chiffre d'affaires cumulé de 35 milliards de dollars, une flotte de près de 800 appareils et environ 75.000 salariés dans le monde. En Bourse, la nouvelle "Delta" pèsera 17,7 milliards. La fusion devrait lui coûter, en un paiement unique, moins d'un milliard de dollars, mais lui rapporter des synergies d'un milliard de dollars par an.

Cette fusion, qui doit encore être confirmée par les autorités de la concurrence, pourrait accélérer un autre rapprochement dans le domaine aérien américain, celui de Continental Airlines et d'United Airlines. Selon plusieurs sources, Continental, qui avait dit qu'elle préférait rester indépendante à moins que les conditions de concurrence changent, pense revenir à la table des négociations avec United face à la fusion Delta-Northwest. Le travail préparatoire a d'ores et déjà été réalisé et un accord de fusion pourrait être prêt "assez rapidement", selon certains observateurs.

Pour Air France-KLM, la fusion Delta-Northwest représente une opportunité de premier plan. Le groupe franco-néerlandais, partenaire des deux transporteurs américains au sein de l'alliance Skyteam, avait tout à perdre d'une éventuelle union entre Delta et United, cette dernière étant membre du pacte rival Star Alliance au sein duquel figure notamment Lufthansa. Du coup, la compagnie aérienne franco-néerlandaise annonce qu'elle se félicite de cet accord de fusion. Mais elle ne prendra pas de participation dans la nouvelle entité.