L'UIMM va réexaminer les conditions de départ de DGS mais veut garder ses mandats

Après la colère de la présidente du Medef concernant les indemnités de départ négociées par Denis Gautier-Sauvagnac, la fédération patronale a tenu une réunion de crise lundi. Son président a annoncé une "réorganisation" de la direction générale.

Le nouveau président de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) n'entend pas céder aux injonctions de la présidente du Medef. Dans une interview au Journal du Dimanche, Laurence Parisot avait demandé "solennellement à tous les membres de l'UIMM qui exercent des mandats nationaux dans des institutions au nom du Medef de remettre immédiatement leur mandat à la disposition du Medef". Stupéfaite d'apprendre le montant des indemnités de départs obtenues par l'ancien président de la fédération patronale de la métallurgie, Denis Gautier-Sauvagnac, mis en examen pour abus de confiance, Laurence Parisot est bien décidée à mener la bataille contre l'UIMM, qui ne l'a pas soutenue lors de son élection en 2005.

Frédéric Saint-Geours lui répond clairement par la négative. Un communiqué publié à l'issue d'une réunion de crise de la fédération patronale lundi indique que "le bureau de l'Union réaffirme de façon forte et unanime qu'il entend conserver (...) tous les mandats auxquels l'UIMM a toujours su apporter son expertise et son expérience dans l'intérêt général. Le Président demande donc au Medef qu'il en soit ainsi". La formule est nette et sans appel. Le seul dirigeant de l'UIMM a avoir reçu cinq sur cinq le message de Laurence Parisot est Michel de Virville. Le secrétaire général de Renault, qui avait été désigné par le Medef pour succéder à Annie Thomas (CFDT) à la tête du régime d'assurance chômage, a démissionné de la présidence de l'Unedic ce week-end. Il a lui-même négocié l'indemnité de départ de DGS.

Pour tenter de calmer la nouvelle polémique sur l'affaire DGS, le président de la plus puissante fédération patronale du Medef annonce par ailleurs une réorganisation de la direction générale. Denis Gautier-Sauvagnac, qui devait conserver son poste de directeur général jusqu'à fin mars, s'en va ainsi que Dominique de Calan, également mis en examen dans l'affaire des retraits en liquide sur les comptes bancaires de l'UIMM.

Par ailleurs, Frédéric Saint-Geours a annoncé que le bureau de la fédération allait "réexaminer les conditions de départ" de Denis Gautier-Sauvagnac. L'ancien président de l'UIMM a obtenu un chèque de 1,5 million d'euros en échange de sa "mise à la retraite" ainsi que la prise en charge par la fédération patronale des conséquences fiscales de l'affaire des retraits suspects. Cette transaction a été approuvée à l'unanimité des membres du bureau de la fédération patronale en décembre dernier.

DGS est soupçonné d'avoir retiré entre 2000 et 2007 au moins 19 millions d'euros en liquide sans que l'on sache à ce jour à qui ils étaient destinés, même si la possibilité d'un financement occulte des syndicats ou de partis politiques est souvent évoquée. La piste du financement politique va être examinée par la justice. L'ancien directeur des renseignements généraux Yves Bertrand sera entendu comme témoin dans le cadre de l'enquête. Dans son livre "Je ne sais rien mais je dirai tout", ce policier affirme que l'UIMM a financé la campagne présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing en 1974.

Est-ce que cette position calmera la colère de la présidente du Medef? Une structure départementale de l'UIMM, celle du Cher, a ouvertement pris position lundi contre la direction de la fédération. "L'UIMM Cher est scandalisée et ne peut cautionner de tels accords occultes à la date où ils ont été passés. Nous demandons le départ des deux dirigeants Denis Gautier-Sauvagnac et Dominique de Calan et de toutes les personnes impliquées dans le scandale qui secoue l'UIMM", indique un communiqué signé par son président Philippe Dornberger.

Le gouvernement, resté jusque-là discret sur cette affaire, est monté au créneau à l'occasion de ce rebondissement. La ministre de l'Economie Christine Lagarde a plaidé dimanche en faveur de la "transparence" et souhaité une nomination "rapide" à la présidence de l'Unedic. Le ministre du Budget Eric Woerth a affirmé lundi qu'il y aurait une enquête fiscale dans l'affaire de l'UIMM une fois que la justice aura fait son travail. Le Premier ministre François Fillon devrait faire des déclarations mardi selon Laurence Parisot, qui l'a rencontré lundi.

Les syndicats estiment pour leur part que ce scandale appelle des réformes structurelles au sein du patronat. Une négociation interprofessionnelle sur la réforme des règles de représentativité s'est ouverte fin février et pour l'heure le Medef refuse de discuter de la question de la représentativité patronale. Pour la CGT et la CFDT, cette position n'est plus tenable. Ces deux syndicats demandent à ce que le financement et la représentativté des organisations patronales soient négociés.

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault souhaite que le Medef entre "dans la nouvelle ère du dialogue social". A l'heure où d'importantes négociations interprofessionnelles sont en cours (pénibilité au travail, représentativité notamment) ou vont s'ouvrir (assurance chômage), la crise au sein du patronat constitue un facteur de "déstabilisation" pour les syndicats, souligne FO, et de paralysie du dialogue social.

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