Carnet de Bord décalé : Ovomaltine

Un regard oblique sur l'actualité économique et financière de la semaine. Chaque jour, un fait ou un chiffre saillant.

Lundi 11. Phone War

« Please, hold the line, please hold the line, please ...". Jusqu'ici dans les smartphones, Microsoft était surtout en dérangement. Le standard clignotait dans tous les sens. Mais, en définitive, pas une opératrice au bout du fil. Et pour cause, le géant américain peu habitué à jouer les voitures balais en matière d'innovation, dépense de la matière grise depuis quelques temps pour sortir son nouveau système d'exploitation. Le jour J est arrivé. La DCA Microsoft sort le gros calibre avec le Windows Phone 7, véritable arme de destruction massive dans la guerre nucléaro-mobile que se livre Apple, Goooogle, BlackBerry et consort. Attention, ça va faire mal ! Le plan d'attaque est simple : les prochains Samsung, LG, HTC et Dell seront équipés du système d'exploitation anti-personnel de Microsoft. Sauf que la petite bombe du numéro un mondial des logiciels fait en définitive l'effet d'un gros pétard mouillé. Sceptiques, les analystes se grattent le crâne ... C'est peut-être la dernière chance de Microsoft de s'imposer sur ce marché, mais pas sûr que ce soit la bonne. Si le marché des smarphones a explosé cette année avec des ventes en hausse de 56 % par rapport à 2009, cela fait belle lurette que la bataille a débuté ... Difficile de croire qu'il reste des places à prendre. De fait, c'est le marché qui est en dérangement. L'action Microsoft ne bouge pas d'un cil (+0,08%). Reste à espérer que le Windows Phone 7 fera plus d'effet auprès des usagers.

Mardi 12. Wall Fric

A l'image de la trentaine de mineurs chiliens, les traders de Wall Street semblent petit à petit sortir du trou en matière de rémunérations. Zèle électoral et réglementaire obligent, depuis le déclenchement de la crise financière voilà deux ans qu'ils vivent six pieds sous terre en matière de bonus. Sarcophagés, ils n'auront toutefois pas tardé à retrouver leur instinct de survie. « Les bonus ? Trop voyants, trop polémiques ! On va augmenter les salaires ... » L'information vient du Wall Street Journal : ceux-ci vont culminer cette année à un plus haut stratosphérico-historique de 144 milliards de dollars ! C'est un peu plus que le PIB de l'Algérie. Un à un, les traders sortent à la lumière du jour, inspirent leur première bouffée d'air pur et lèvent les yeux vers le ciel teinté d'un vert dollar. Ils sont enfin sauvés ! L'opération aura été délicate. Pour éviter les risques d'éboulement, il a fallu injecter des milliers de milliards de liquidités dans les soubassements de l'économie. De la surface, il a fallu fluidifier l'accès à leur refuge grâce à des taux d'intérêt bas tout en les maintenant dans l'illusion que leurs rémunérations seraient désormais encadrées de près. Non, franchement, ce n'était pas un sauvetage facile. Et pour ce miracle, il faut bien sûr saluer la bravoure des secouristes de Washington qui étaient pourtant bien persuadés au début que les traders et leurs bonus allaient définitivement rester au fond du trou. Bravo !

Mercredi 13. Ovomaltine

«Salut ! J'ai huit secondes pour vous dire que l'assouplissement quantitatif c'est d'la DY NA MI TE ... » Explosion. Dents blanches, faciès cramoisi, la barbe en pétard, Bernanke affiche un sourire béat. Les minutes de la Fed, c'est plus ce que c'était. Elles sont réduites à des secondes. Il faut dire que la Réserve fédérale américaine n'a plus beaucoup de solutions pour animer l'économie et entretenir la confiance. Alors une petite pub de 10 secondes diffusée en « prime time » sur les écrans des marchés, c'est beaucoup plus efficace que des grandes phrases. Même si Ben doit enfiler cette combinaison de ski orange ridicule ... qui le boudine d'ailleurs. Qu'il se console, le spot a fonctionné. Le message est passé. Les marchés s'emballent à l'idée que les rotatives de l'imprimerie fédérale sorte de nouveaux billets. Les indices grimpent. Enfin surtout en Asie et en Europe. Les places américaines, c'est plus timide. Forcément : une autre dose d'adrénaline injectée dans l'économie, c'est bien, mais cela confirme que la conjoncture américaine reste plongée dans le formole. Et pas sûr que le dispositif attendu soit aussi efficace que le clip de Ben. Promis après ça, on ne l'y reprendra plus.

Jeudi 14 octobre. Emballé, c'est pesé !

Dans les salles de marché parisiennes, les traders ont sorti leur tenue de chantier du placard. Truelle à la main, ils n'attendent plus que le bon enduit pour se lancer dans les travaux. Les projets d'introduction méritent un sérieux ravalement de façade. Celui de Lucien Barrière est tombé comme un flan. Derrière le faste et les paillettes, les opérateurs ne sont plus enclins à miser un centime sur un semblant d'histoire de croissance. L'échec de l'entrée sur le marché du propriétaire de l'Hôtel Normandy de Deauville les a conditionné. Mais Saint-Gobain sait comment les emballer. Esgourdes grandes ouvertes, le marché attend la formule magique. Le spécialiste des matériaux de construction déroule sa trame et fait mouche. La perspective de mise en Bourse de sa filiale d'emballages de verre convainc l'auditoire. Le dossier est carré et clair sachant que la cession pourrait permettre à Saint-Gobain de récolter l'argent frais nécessaire à la conquête du marché américain. Cette fois-ci, c'est sûr, l'affaire est dans le sac !

Vendredi 15 octobre. Mise en demeure

Obama est en plein cauchemar. Dans son rêve il perd les élections présidentielles, Michelle le quitte, le divorce le met sur la paille, Barack se retrouve dans un pavillon de banlieue financé à des taux prohibitifs. Un recouvreur de créance sonne à sa porte et le somme de libérer les lieux sur le champ. Trempé jusqu'aux orteils, il se réveille et se dit que les banques ont peut-être eu la main un peu trop lourde avec les victimes des subprimes. C'est décidé, il est temps de mettre son veto au projet d'assouplissement des règles de saisie de biens immobiliers. Les banques n'apprécient que légèrement. D'autant que les dossiers sur leurs pratiques plus que douteuses en la matière sortent à présent de l'armoire. En bourse, les fossoyeurs d'hier se font fossoyer par le marché. La facture risque d'être salée. On ne sait combien de valises de billets verts ... Y aurait-il une justice finalement en ce bas monde ? En définitive, le meilleur dans les subprimes c'est le côté croquant qu'il y a à l'intérieur. Et c'est encore meilleur quand ce sont les banques qui se cassent les dents dessus.

 

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