Bourse de Paris : les sociétés multiplient les offres publiques sur...elles-mêmes

Pas moins de six OPRA (offres publiques de rachat d'actions) ont eu lieu en 2012. L'objectif : offrir une porte de sortie à des actionnaires dépités par des cours en berne depuis plusieurs années.
22 sociétés ont quitté la Bourse de Paris, en 2012, et 19 seulement s'y sont introduites. Copyright Reuters

« 2012 n'a pas été une très grande année, sur le front des offres publiques. » Sonia Bonnet-Bernard, associée gérante chez Ricol Lasteyrie, manie à la perfection l'art de la litote. L'an dernier, les offres publiques lancées sur des sociétés cotées à la Bourse de Paris ont chuté d'un quart, en volume, à 40, selon le cabinet d'expertise indépendante. En valeur, le plongeon atteint 59%, à 3,24 milliards d'euros. La conséquence de la poursuite de la crise de la zone euro, au premier semestre, avec pour corollaire des marchés boursiers agités. Mais également du projet du gouvernement - annoncé en septembre - d'alourdir la taxation des plus-values réalisées sur la vente de valeurs mobilières, ce qui a fini de décourager les rares velléités de cession.

Havas a racheté 12% de son capital

Autre illustration de l'anémie du marché français des fusions et acquisitions, les véritables OPA, comme celle lancée par Toyota Tsusho Corporation sur le distributeur de matériel automobile et pharmaceutique CFAO, filiale de PPR, ont été réduites à la portion congrue. Sur les 40 offres publiques dont les sociétés cotées à Paris ont fait l'objet, en 2012, 60% ont été lancées par... les entreprises elles-mêmes, ou bien par leur actionnaire de référence. Souvent pour offrir une porte de sortie aux actionnaires minoritaires, dépités par des cours de Bourse qui font, au mieux, du surplace depuis plusieurs années. L'année 2012 a ainsi vu pas moins de six offres publiques de rachat d'actions (OPRA). A commencer par celle du groupe de communication Havas, qui a racheté 12% de son capital, pour 254 millions d'euros. « Il y a eu cinq fois plus de demande qu'il n'y avait d'offre ! », s'exclame Sonia Bonnet-Bernard.

22 retraits de la cote, pour 19 introductions seulement

Succès également pour l'OPRA de l'éditeur de logiciels Linedata, qui a racheté un quart de ses propres titres, ou encore pour celles du spécialiste des bois tropicaux Rougier (20%) et du fabricant de vêtements pour enfants Orchestra-Kazibao (près de 10%). « Il s'agit de proportions très importantes, pour de petites sociétés. Si bien qu'après ces opérations, il ne reste plus grand-chose d'elles en Bourse », souligne Sonia Bonnet-Bernard.
Plus globalement, la Bourse de Paris ne va pas en s'épaississant. L'an dernier, 22 sociétés ont été retirées de la cote parisienne, à la suite d'offres publiques, et 19 seulement y ont fait leur apparition, contre 44 en 2011. « Cette tendance met en lumière la difficulté de la Bourse (...) à jouer son rôle de financeur des entreprises, et en particulier des PME et des ETI », décrypte Ricol Lasteyrie.

Un espoir d'amélioration en 2013

L'année 2013 sera-t-elle, elle aussi, morne plaine ? « On peut espérer un même nombre d'offres publiques, mais avec une plus grande proportion d'OPA véritables », indique Sonia Bonnet-Bernard. Tout d'abord parce que la remontée des valorisations boursières, depuis l'été dernier, permet de faire davantage coïncider les exigences des vendeurs avec celles des acquéreurs. Ensuite, les entreprises ne manquent pas de trésorerie pour financer des opérations de croissance externe. Enfin, nombre de fonds de capital-investissement sont pressés par leurs souscripteurs de céder des participations, afin de leur distribuer du cash. Mais, de là à revoir des OPA comme celles de SFR sur Neuf Cegetel et de SAP sur Business Objects, toutes deux finalisées en 2008 pour 2 milliards et 4,8 milliards d'euros respectivement, reste sans doute un fossé que les chefs d'entreprise ne sont pas prêts à franchir.

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Commentaires 4
à écrit le 13/02/2013 à 10:31
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Ponzi, quand tu nous tiens !

à écrit le 12/02/2013 à 18:39
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Les mauvaises nouvelles et la baisse des cours le lendemain des augmentations de capital(réinvestissement du dividende en actions nouvelles par exemple)ne mettent pas en confiance.Il faut laisser la place aux chinois ou autre qatar.

à écrit le 12/02/2013 à 18:32
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je pense sincèrement que le fait de créer des boucles finira par perdre ces entreprises

à écrit le 12/02/2013 à 18:18
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on ne s'en sortira jamais !

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