Les Bourses décollent sur des espoirs de paix entre la Russie et l'Ukraine

L’annonce de pourparlers « constructifs » entre la Russie et l’Ukraine a donné un sérieux coup de pouce aux indices boursiers. A Paris, le CAC 40 se rapproche à nouveau des 6.800 points et les valeurs exposées au risque russe se sont envolées, comme Renault et Société Générale. En revanche, les marchés obligataires semblent désormais bien entrés dans un nouveau cycle de hausse des taux. Le Bund allemand à deux ans est même devenu positif en séance pour la première fois depuis 2014.
L'indice phare de la place de Paris revient sur les 6.800 points.
L'indice phare de la place de Paris revient sur les 6.800 points. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

C'était la nouvelle que tout le monde attendait sur les marchés pour revenir sur les actions après des semaines de correction dans la foulée de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 24 février dernier.

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Alors que les premiers échos - crédibles - d'une amorce de négociation entre les belligérants se font entendre, les Bourses mondiales sont ainsi vite reparties à la hausse. Le mouvement était engagé depuis lundi mais il s'est brusquement accéléré ce mardi à l'annonce de pourparlers jugés « constructifs » par le principal négociateur russe, Vladimir Medinski. La Russie a même indiqué qu'elle avait décidé de réduire « radicalement » ses activités militaires autour la capitale ukrainienne Kiev.

En fin de séance, l'indice parisien CAC 40 gagne plus de 3% pour tutoyer les 6.800 points alors que l'indice Euro Stoxx 50 (50 premières capitalisations de la zone euro) s'affiche en hausse de près de 3% à plus de 4.000 points.

C'est bien sûr les entreprises les plus exposées à la Russie, et donc les plus massacrées ces dernières semaines, qui enregistrent les rebonds les plus spectaculaires. Le constructeur automobile Renault, qui a pourtant annoncé la suspension de ses activités en Russie, reprend près de 12% alors que Société Générale, qui dispose d'une importante filiale bancaire dans le pays, gagne plus de 8%. Egalement très présent en Russie, Alstom a également vu son cours progresser de près de 8%.

En revanche, TotalEnergies, pourtant fortement engagé lui aussi en Russie, ne profite guère de l'embellie, contrecoup du gel de ses projets russes mais aussi de la baisse du prix du pétrole, fruit de la détente sur le front de l'Est, mais aussi d'un ralentissement attendu de la demande chinoise après de nouvelles mesures de confinement.

Un optimisme prudent

A Wall Street, l'optimisme est également au rendez-vous. Tous les principaux indices poursuivent leur hausse, entamée lundi avec les négociations en cours en Turquie. Comme si les perspectives de cessez-le-feu dissipent sur les marchés le ton très offensif à l'encontre de la Russie de l'administration Biden et les menaces de nouvelles sanctions, voire, sur un autre registre, les craintes de nouvelles perturbations dans les chaînes d'approvisionnement liées au verrouillage partiel de la capital financière chinoise Shanghai.

Ce rebond souligne à quel point les marchés actions se montrent résilients face à la crise, les gérants semblant toujours accrochés à l'idée que les fondamentaux restent suffisamment solides pour ne pas (trop) s'écarter des actions. « Nous avons atteint un point bas sur l'EuroStoxx autour de 3.400 points et aucun signe de rechute des marchés ne se manifeste aujourd'hui », avance, optimiste, un gérant. Toutefois, pas d'euphorie pour autant.

Les grands fonds restent prudents sur les actions, avec des expositions à « neutre ». Autre signe d'attentisme, relevé par AllianzGI, « les niveaux de cash dans les portefeuilles atteignant des niveaux records ». Ce cash pourrait soutenir une remontée des indices, même si une partie est mobilisée pour financer la couverture des portefeuilles et les éventuels appels de marge.

Sans réelles inquiétudes sur la croissance, les investisseurs restent donc sur leurs gardes face à une Russie toujours menaçante mais surtout face à l'inflation et aux politiques de resserrement monétaire.

Nouveau cycle de hausse des taux

Sur les marchés obligataires, le cycle de hausse des taux est bien là. Il semble même s'accélérer. Des deux côtés de l'Atlantique. Aux Etats-Unis, le rendement des bons du Trésor à 10 ans s'apprête à sortir, selon Deutsche Bank, d'un canal baissier qui remonte au milieu des années 80... Et c'est nouveau. La digue a sauté la semaine dernière avec des rendements qui grimpent en flèche, avec un taux à dix ans autour de 2,4% (soit une hausse de 70 points de base en un mois). Vendredi dernier, le taux à 10 ans avait même atteint son plus haut depuis mai 2019.

Rappelons que le 16 mars dernier, la Fed a relevé son taux directeur pour la première fois depuis 2018 de 25 points de base, pour tenter de contenir l'inflation. Les anticipations des marchés tablent désormais sur au moins 150 points de base de hausse des taux directeurs aux Etats-Unis en 2022, auxquels il faut désormais ajouter une réduction de bilan de la Réserve fédérale à partir du troisième trimestre. « On a commencé l'année avec des achats de la Fed et on va la finir avec des ventes de la Fed », prévient un gérant obligataire.

Pour mesurer l'ampleur du changement de cap, la Fed et les marchés ne prévoyaient pratiquement aucune hausse des taux avant...2024 ! Même en début d'année, les anticipations se limitaient à trois hausses de taux en 2022 contre sept aujourd'hui. Toutefois, l'ampleur des hausses des taux ne sera toujours pas de nature exceptionnelle d'un point de vue historique. Les banques centrales affichent toujours une certaine prudence pour éviter de faire dérailler les marchés obligataires.

Le taux de l'OAT à plus de 1%

La zone euro n'échappe pas à la hausse des rendements. Mardi, en séance, le taux à deux ans de la dette allemande, la plus prisée car la moins risquée en zone euro, est même passé en territoire positif (0,01%), pour la première fois depuis la fin 2014 ! Quant au taux de référence à 10 ans, le Bund allemand est déjà positif depuis le 7 mars dernier, pour osciller autour de 0,63%, soit un gain de 70 points de base en un mois.

Sur la même échéance, l'OAT français a franchi le seuil des 1 % alors que le taux à 10 ans de la dette italienne s'envole bien au-delà des 2%. Ce mouvement s'explique également par la montée des anticipations de relèvement des taux d'intérêt directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) dans les prochains mois face à l'accélération de l'inflation.

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Commentaires 9
à écrit le 30/03/2022 à 16:22
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Ce qui est cocasse dans tout ça, c'est que c'est l'abominable Erdogan qui travaille pour la paix en organisant des pourparlers entre belligérants. Personne à l'Ouest ne fait ça. C'est logique : c'est l'Ouest qui a bien poussé à la guerre. Et qui ...

à écrit le 30/03/2022 à 8:49
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La bourse prend ses désirs pour des réalités…. On a encore rien vu d écrit sur le papier puis respecté sur place par Poutine … avec ce type faut s attendre à tout ….en tout cas l invasion est un échec Russe qui affaiblit sa crédibilité a l ouest et f...

à écrit le 30/03/2022 à 8:39
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Poutine n'a aucune raison d'accepter les conditions des nazis ukrainiens otaniens et il le sait. Il sait très bien qu'il a les moyens de mettre au pas le régime nazi ukrainien otanien et il le fera à raison que cela plaise ou non à la bourse. Et i...

à écrit le 30/03/2022 à 8:02
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Avant la catastrophe covid qui a duré deux ans pour cesser brutalement le cac était à 7000 points, après deux ans de chaos économique suivi d'une guerre actuelle le cac est à 6700 points, on se demande bien s'ils regardent par la fenêtre de temps en ...

le 30/03/2022 à 8:42
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Ou avez vous lu que la La pandémie avait cessée…elle remonte partout dernier chiffre 130000 cas , les hospitalisations remontent à 21000….142000 morts en plus … 9 millions de français non - vaccinés faisant courir un risque à la majorité …. Et on n...

le 30/03/2022 à 9:09
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J'ai pas dis que l’épidémie qui en effet s'est très vite répandue était fausse, j'ai dis que l'hystérie médiatique dont on nous a abreuvé pendant deux ans elle a brutalement cessé. Tu vois quelque chose à redire à ça maurice ? Signalé.

à écrit le 29/03/2022 à 22:03
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La Bourse otanienne prend ses désirs pour la réalité...elle vite déchanter et atterrir...

à écrit le 29/03/2022 à 21:46
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quelle blague ! la bourse décolle à la moindre pseudo bonne nouvelle parce que les banques centrales continuent à imprimer du fric à foison, les "investisseurs" ne savent plus quoi faire de tant de liquidités. En parallèle, les mêmes banques font cro...

à écrit le 29/03/2022 à 18:56
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[ la photo ] ... RMI ( Music / Videooo... ) by MC Solaar . ... AFF ISS pe Corsica * .

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