La Fed amorce la remontée des taux pour lutter contre l'inflation

L'institution monétaire américaine a relevé d'un quart de point les taux des "fed funds". Six hausses supplémentaires sont possibles en 2022, d'autres en 2023. À l'horizon de la fin 2023, le taux directeur est désormais attendu à 2,8%
Jerome Powell, président de la Fed.
Jerome Powell, président de la Fed. (Crédits : Reuters)

Une première depuis 2018. La Réserve fédérale (Fed) américaine a relevé mercredi ses principaux taux directeurs, à l'issue de la réunion des membres du Federal Open Market Committee (FOMC), son comité de politique monétaire. Ils ont suivi la recommandation faite quelques jours auparavant par Jerome Powell, son président, lors de son audition au Sénat.

L'institution monétaire a donc opté pour une hausse prudente d'un quart de point de pourcentage, situant désormais ses taux dans une fourchette de 0,25% à 0,50%, après les avoir maintenus pendant deux ans entre 0 et 0,25%.

Les nouvelles prévisions de la banque centrale des Etats-Unis impliquent qu'elle pourrait relever les taux à chacune de ses six prochaines réunions d'ici fin décembre, ce qui porterait le taux des "fed funds" entre 1,75% et 2%.

À l'horizon de la fin 2023, le taux directeur est désormais attendu à 2,8%, un niveau supérieur à celui de 2,4% à partir duquel la banque centrale estime qu'il freinerait la croissance.

Jerome Powell a expliqué lors de sa conférence de presse que l'économie restait dynamique même si la Fed ne tablait plus que sur 2,8% cette année contre 4% estimé en décembre. Il a précisé que la Fed relèverait les taux plus rapidement que prévu si besoin pour assurer un reflux de l'inflation, qui a atteint 7,8% en février au plus haut depuis 40 ans. Quant au taux de chômage, il devrait sous 3,5% cette année et rester sous ce seuil l'an prochain avant de remonter à 3,6% en 2024.

4,3% d'inflation en 2022

L'institution table désormais sur 4,3% d'inflation en 2022, près du double de ses dernières prévisions en décembre. Pour 2023, elle s'attend à 2,7% puis 2,3% l'année suivante.

"Nous étudierons l'évolution de la situation et si nous concluons qu'il est approprié d'avancer plus rapidement pour réduire le caractère accommodant (de la politique monétaire), nous le ferons", a précisé Jerome Powell. "Il est clair qu'il est temps de relever les taux d'intérêt et de commencer à réduire le bilan", a-t-il insisté avant d'assurer que l'économie américaine était suffisamment solide pour supporter un resserrement de la politique monétaire.

"L'invasion de l'Ukraine par la Russie crée d'énormes difficultés humaines et économiques. Les implications pour l'économie américaine sont très incertaines mais à court terme, il est probable que l'invasion et les événements qui y sont liés créent des pressions supplémentaires à la hausse sur l'inflation et pèsent sur l'activité économique", explique la Fed dans un communiqué.

La banque centrale ne considère en outre plus désormais la pandémie de COVID-19 comme le principal risque économique pour les Etats-Unis.

Réduction du bilan

Jerome Powell a précisé lors de sa conférence de presse que le FOMC devrait avoir achevé lors de la prochaine réunion, en mai, le plan de réduction du bilan de la Réserve fédérale, porté à près de 9.000 milliards de dollars (8.200 milliards d'euros) par des années d'achats massifs d'obligations sur les marchés pour faire baisser le coût du crédit. Il a ajouté que la méthode retenue pour réduire le bilan devrait être proche de celle suivie lors de la phase de réduction précédente, entre 2017 et 2019, mais que sa mise en œuvre devrait être plus précoce et plus rapide.

À Wall Street, l'indice Standard & Poor's 500 a brièvement réduit ses gains mais il est reparti de l'avant durant la conférence de presse et gagnait 1,56%. Au même moment, le dollar cédait du terrain face aux autres grandes devises, dont l'euro, qui remontait à plus de 1,1030 (+0,71%) sur le marché obligataire, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans revenait sous 2,18% après un pic à 2,246% peu après la publication du communiqué du FOMC.

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(avec agences)

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