Bas les masques !

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisée par Sophie Péters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.

En forme pour affronter la tonne de mails, le paquet de courriers et la boîte vocale saturée ? Surtout avez-vous passé de bonnes vacances ? Ou de mauvaises pouvant déboucher sur quelque chose de tout à fait prometteur à l'instar de Thomas. Thomas ? Le héros d'un formidable roman que j'ai lu cet été. J'ai pensé à vous. Enfin à tous ceux qui comme le personnage principal de « Déconnexions » (Pascal Galodé Éditeurs) ont emmené leur ordinateur et leurs dossiers avec eux pour mieux fuir belle-maman et beau- papa, les gamins qui hurlent et les repas qui durent trois heures. Ceux qui passent invariablement depuis des années leurs congés d'été au même endroit en famille (ici Noirmoutier merveilleusement décrite), dans la même maison, contraints et forcés par la vie qu'ils se sont construite. Ceux qui s'oublient dans le travail pour mieux éviter de se connecter à eux-mêmes.

Vivre enfin !

L'auteur, Christophe Mory, a passé dix ans chez Suez. Assez pour brosser l'univers du travail, le restaurant d'entreprise, ou les réunions de managers... sans pitié. Son Thomas se raconte des histoires : celle d'une brillante carrière - dont on comprend vite qu'il ne fait pas vraiment ce qu'il faut pour - celle d'un contrat mirobolant mais hypothétique décroché à New York, celle enfin d'une revanche sociale, lui le jumeau mal aimé d'un frère à qui tout réussissait. Non je ne vous raconterai pas tout. Mais si l'été que vous venez de passer était, à l'image de celui de Thomas, un été qui change un destin ? Celui où réellement on décide de déconnecter, justement ? Car ce roman est celui de notre monde qui change et en même temps s'accroche à ses repères de toujours. Celui qui nous parle de nos craintes et de nos petits arrangements avec notre lâcheté. Une vie somme toute banale qui peut par la grâce d'une prise de conscience permettre à tout jamais de lâcher tout ce que l'on subit. Et comme notre héros renoncer à son armure de directeur manager, à son ordinateur, oublier les dossiers sur la table et se laisser aller à contempler les pins, la dune, la mer et les nuages. Découvrir ses enfants. Vivre enfin. Jusqu'au moment où, heureux d'avoir pu goûter pour la première fois de sa vie quelque chose qui ressemble enfin à des vacances, Thomas retrouve le coeur léger son entreprise... pour y recevoir le boomerang inédit d'un mail envoyé en plein délire de puissance. Une rentrée effroyable comme un écho à toutes les autres. Et c'est par un choc, une crise qu'il va enfin se réveiller. Ouvrir les yeux en toute conscience sur cette malheureuse répétition des événements de sa vie. Refusant les masques, Thomas « aurait voulu être autre mais caché derrière une apparence  ».

Alors dans cette époque où il nous faut mobiliser toute notre énergie, dans ce moment où basculent les repères, bas les masques ! Bienvenue dans un monde où le bonheur naît de nos malheurs, où le sens, parfois et heureusement, nous échappe. Bienvenue dans une vie ouverte sans rien forcer... juste accueillir. Elle est peut-être là, notre meilleure voie. Bonne rentrée à tous et à toutes !

 

« Déconnexions » de Christophe Mory, Pascal Galodé Éditeurs, 92 pages, 19 euros.

 

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