Boris Roman-Dubreucq : « Pouvoir parler d'une discrimination à caractère sexuel normalise les choses »

PORTRAITS Sans être ou se revendiquer LGBT+, ces dirigeantes et dirigeants, qu'ils soient dans le public ou le privé, contribuent, par leur engagement, à l'inclusion des personnes LGBT+ dans le monde du travail. Portrait de Boris Roman-Dubreucq, directeur des ressources humaines (DRH) de Dijon métropole
(Crédits : DR)

Boris Roman-Dubreucq, 42 ans, est directeur des ressources humaines (DRH) de Dijon métropole. Plus jeune, il a milité en faveur du Pacs et du mariage pour tous. En tant que DRH d'une collectivité territoriale qui emploie 3800 agents, il veille à éviter toute discrimination, y compris d'ordre sexuel :

« Dans la plupart des services, il y a peu de problèmes. Dans d'autres, avec des métiers où la dimension virile est mise en avant, c'est plus difficile de faire son coming out. »

Pour lui, les dirigeants des organisations doivent donner le ton, car pouvoir assumer son orientation sexuelle fait partie d'un bienêtre au travail dont Boris Roman-Dubreucq est le garant. Dijon Métropole a été la première collectivité territoriale française à obtenir en 2018 les labels « égalité professionnelle femme-homme » et « diversité ». Résultat d'une démarche de longue haleine, avec la mise en place d'une charte de déontologie et d'une cellule d'écoute créée en 2009 et gérée par une structure externe.

« Tout agent s'estimant discriminé dans le cadre de son travail en raison de son orientation sexuelle peut s'adresser à cette cellule, qui va formaliser la situation puis la traiter », décrit Boris Roman-Dubreucq.

Un traitement qui peut passer par la médiation mais conduire aussi à des procédures disciplinaires et même, dans de rares cas, jusqu'à un accompagnement par un avocat pour déposer plainte. Grâce à ces mesures proactives et un maire, François Rebsamen, qui n'hésite pas à s'exprimer sur ce sujet, les agents ont moins peur d'évoquer leur sentiment de discrimination : « Pouvoir en parler normalise les choses », estime le DRH.

L'excuse récurrente de l'humour n'est pas non plus prise à la légère :

« Sous prétexte d'humour, on pourrait être homophobe, antisémite, sexiste ? Ces blagues, qui ciblent toujours les plus faibles, n'ont plus lieu d'être », rappelle Boris Roman-Dubreucq.

Tout n'est pas encore résolu pour autant. Comme par exemple le cas des personnes transgenres, un sujet que le DRH a dû gérer précédemment dans sa vie professionnelle, qui engendrent souvent incompréhension et rejet.

« Il ne faut pas baisser la garde », estime-t-il, en citant cette anecdote récente. « Un agent parlait à un collègue en lui disant "Au fait, avec ta cheffe lesbienne, comment ça va ?" Il a été prévenu par écrit qu'il serait sanctionné au moindre nouveau dérapage. »

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