La faiblesse du dollar crée des opportunités d'acquisitions

Les grandes sociétés européennes pourraient profiter de l'affaiblissement du billet vert pour accélérer des décisions d'investissements de croissance externe outre-Atlantique. À condition toutefois que la stratégie industrielle le justifie.

Si le dynamisme des pays émergents constitue le thème d'investissement du moment, l'actuelle « guerre des changes » pourrait également s'avérer source d'opportunités pour les entreprises cotées du Vieux Continent. La faiblesse du dollar face à l'euro, revenu autour de 1,40 dollar, crée un terrain propice aux opérations de croissance externe aux États-Unis.

Déjà, les analystes d'Aurel-BGC s'interrogeaient il y a peu sur une possible opération de Saint-Gobain dans le secteur de la distribution Outre-Atlantique grâce à l'argent frais généré par la prochaine mise sur le marché de sa filiale d'emballages de verre.

A priori, la faiblesse de l'économie américaine ne milite pas en faveur des opérations de rapprochement. Mais, le repli du billet vert permet de réduire le prix de la facture. « Le niveau du taux de change peut précipiter le lancement d'une offre, mais une telle opération repose avant tout sur une problématique industrielle », nuance toutefois Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia AM. L'effet devise va dès lors surtout jouer sur le « timing » de l'opération mais n'en sera pas l'élément déclencheur. « En début de vague de fusions-acquisitions, comme celle qui a débuté en juillet, les sociétés sont prêtes à mettre le prix car c'est la stratégie qui compte avant tout », renchérit Hervé Mangin, gérant actions européennes chez Axa IM.

Autre bémol, la faiblesse du dollar peut, certes, rendre le rachat d'une société américaine par un groupe européen moins onéreux au départ. Mais « cela ne rend pas l'entreprise moins chère pour autant », rappelle Lionel Melka, cogérant du fonds Diva Synergy, spécialisé dans la thématique des fusions-acquisitions.

Si le repreneur s'endette en dollars et consolide ensuite dans ses comptes les résultats de la société acquise dans la même devise, l'opération s'équilibre. De fait, l'effet devise ne sera vraiment intéressant que « pour les sociétés ayant d'importants cash-flows en euros et une faible exposition au dollar », explique de son côté Didier Roman, gérant chez Tocqueville Finance.

Tiffany et LVMH

Parmi les prédateurs européens, on retrouve ainsi Danone ou encore Nestlé, qui pourraient s'intéresser au spécialiste de la nourriture infantile Mead Johnson. La société américaine présente à la fois l'avantage d'être positionnée sur un secteur en forte croissance et celui de dégager plus de 50 % de son chiffre d'affaires dans les pays émergents. Autre cible potentielle selon Lionel Melka, le joaillier Tiffany pourrait être repris « à brève échéance » par LVMH. De son côté, Didier Roman cite, par exemple, des secteurs comme les équipementiers automobiles (Faurecia), la distribution spécialisée (Rexel), ou encore les câbles électriques (Nexans) susceptibles de profiter d'un mouvement de consolidation Outre-Atlantique.

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