Le dollar arrive peut-être à un tournant

La psychologie des marchés sur le billet vert s'est modifiée depuis que les perspectives de nouveau plan de soutien de l'économie sont devenues réalité.
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Le dollar a poursuivi hier son petit bonhomme de chemin, remontant jusqu'à 1,3825 pour 1 euro, alors qu'il avait chuté à 1,4280 au lendemain de l'annonce des nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale, qui s'est engagée mercredi dernier à acquérir 600 milliards de dollars de titres de dette publique d'ici à fin juin. Exceptionnellement forte depuis septembre, la corrélation entre le degré d'aversion au risque et la baisse du dollar est-elle en train de s'émousser ?

C'est à la fin du mois d'août que Ben Bernanke avait pour la première fois évoqué le possible recours à un « QE2 », pour permettre à la Fed de remplir ses deux mandats, de stabilité des prix - qu'elle juge trop faibles - et de plein emploi que la modération de la reprise ne permet pas d'envisager alors que le taux de chômage américain frôle des records, à près de 10 % de la population active.

Cette période a correspondu à une montée ininterrompue de l'aversion pour le risque et à une dégringolade du dollar qui a cédé 12 % de sa valeur face à l'euro et chuté à un point bas de quinze ans vis-à-vis du yen. Or, depuis la semaine dernière, ce qui n'était qu'une perspective s'est mué en réalité, et le simple passage de la parole à l'acte a modifié la psychologie des acteurs du marché des changes.

Parcours chaotique

Pour Christian Parisot, économiste d'Aurel BGC, « les investisseurs ont délaissé le dollar sur les anticipations, ils pourraient le racheter sur les annonces ». Et d'expliquer que tout dépendra des prochains indicateurs économiques. Des indices d'activité positifs auront un double effet. D'abord, ils réduiront la probabilité d'une hausse du programme de QE2, la Fed ayant laissé la porte ouverte à une augmentation de ce programme si la reprise reste molle.

Ensuite, une croissance plus robuste militera pour une part accrue d'actifs américains dans les portefeuilles des investisseurs, donc du dollar.

Parallèlement, l'obsession des marchés sur la Fed a détourné pendant plus de deux mois l'attention des opérateurs de la crise de la dette souveraine dans la zone euro, qui connaît de nouveaux rebondissements.

Outre la perspective d'un ralentissement de l'économie des Seize lié aux plans d'austérité mis en place un peu partout, les difficultés de financement rencontrées par les pays les plus fragiles sautent à nouveau aux yeux des opérateurs. L'euro risque d'y perdre l'aura dont il bénéficiait, par défaut.

La phase de décrue brutale du dollar face à l'euro pourrait donc s'interrompre, mais si reprise durable il devait y avoir, elle ne se ferait pas à sens unique. C'est un parcours chaotique que les marchés prédisent au couple phare du marché des changes.

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