Après le cap des 10.000 dollars, où va la tonne de cuivre ?

Le métal du diable s'est emballé en ce début d'année. Un déficit de production semble inévitable pour 2011.
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En passant la barre des 10.000 dollars, la tonne de cuivre a déboussolé les analystes du secteur. Aucun d'entre eux ne voyait le métal grimper si haut, si vite. Le consensus envisageait un prix moyen à 9.500 dollars, pour 2011 et 2012. Car les dernières évolutions du prix du cuivre semblent dépendre d'une variable encore plus difficile à prédire que le rythme de croissance de la Chine. C'est celle de l'offre du minerai, qui se détériore à grande vitesse. La production de cuivre s'avère très peu élastique à la Demande : en 2010, la production a progressé de 3-4 %, alors qu'elle rebondissait de 10 % pour le zinc ou l'aluminium, après une année 2009 sacrifiée sur l'autel de la crise financière. Non seulement les nouvelles mines sont rares, mais en plus, les mines existantes ne tournent pas à 100 % (cf graphique) selon l'International Copper Study Group, une organisation financée par l'industrie. À moins que les capacités des mines existantes ne soient moins importantes que prévu : c'est la théorie de Stephen Briggs, expert des métaux de base chez BNP Paribas. « De toutes façons, il y a peu de chances d'attendre un retournement des tendances de production dans les années à venir », assure-t-il. Car la qualité des minerais se dégrade : après avoir exploité les filons les plus faciles, les groupes miniers se retrouvent avec des minerais peu concentrés, qui demandent un gros effort de raffinement. D'où une baisse de production inexorable, même si de nouvelles mines devraient rentrer en production d'ici deux ou trois ans, notamment en Zambie. Mais pour l'instant, « il semble difficile d'éviter la conclusion qu'un déficit important se présente pour 2011 » assure le spécialiste. Il serait de 550.000 tonnes.

Recyclage

Face à cette perspective, de nombreux analystes parient sur un nouvel envol du métal. Mais à court terme, la situation semble moins limpide. La tonne de cuivre a d'ailleurs chuté mardi (-0,4 % à 10.045 dollars la tonne sur le LME), après la hausse des taux d'intérêt de la Chine qui fait craindre un ralentissement de la croissance, et donc de la demande de métaux de base de la part du premier consommateur. Le niveau élevé du cuivre fait aussi craindre une réapparition massive du recyclage, déjà constatée en 2010. Et la question de la substitution se pose aussi. Le cuivre se paie aujourd'hui 4 fois le prix de l'aluminium, ce qui réjouit les producteurs d'aluminium. Selon Alcoa, la substitution aluminium/cuivre pourrait porter sur près de 4 millions de tonnes par an. Le zinc et l'acier inoxydable peuvent également potentiellement être candidats à la substitution, mais sur le long terme. Pour 2011, la question de la stabilité de l'approvisionnement devrait rester cruciale, voire porter les prix vers les 11.000 dollars la tonne selon BNP Paribas, qui envisage une baisse des prix par la suite.

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