Le marché des changes refuse de se laisser gagner par l'aversion au risque

Les traditionnelles monnaies refuge, dollar en tête, séduisent peu les investisseurs
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Le marché des changes montre une indifférence tout à fait inhabituelle aux soubresauts qui secouent le monde. Certes, la gravité de la situation en Libye a restauré le rôle de valeur refuge des traditionnels dollar, yen ou autre franc suisse, qui n'avaient que peu réagi à l'embrasement du monde arabe. Mais c'est seulement du bout des lèvres que les investisseurs les ont rachetés, leur aversion au risque n'étant montée que d'un cran.

Si le dollar a fait une incursion jusqu'à 1,3525 pour un euro dans la matinée de mardi, il a recommencé à dériver dès la réouverture des places américaines après le long week-end de President's Day. Le yen a conservé une partie de ses modestes gains face au dollar qui l'ont entraîné jusqu'à 82,80 mais pas vis-à-vis de l'euro, chahuté par l'abaissement de stable à négative de la perspective associée à la note souveraine Aa2 du Japon par l'agence Moody's, elle aussi tentée, après Standard & Poor's de la dégrader. Quant au franc suisse, malgré un regain de vigueur généralisé, il reste à distance de ses records absolus pulvérisés au tournant de l'année face au dollar et à l'euro à respectivement et 0,9330 et 1,2402

Du coup, l'euro continue d'être porté par la perspective d'une hausse de ses rendements, via une remontée du taux directeur de la Banque centrale européenne, que commencent à préconiser les faucons de son conseil pour combattre une inflation que la récente flambée des prix du pétrole va encore aggraver. Après Lorenzo Bini Smaghi et Jürgen Stark lundi, c'était au tour d'Yves Mersh mardi d'affirmer qu'il ne serait pas étonné que la BCE durcisse le ton sur les risques inflationistes dans la zone euro lors de la conférence de presse qui suit le prochain conseil décisionnel mensuel de la banque centrale, jeudi 3 mars.

« Paniquez tout de suite ! »

Tout se passe comme si les marchés ignoraient ou feignaient d'ignorer un autre risque majeur. Pour la zone euro celui-là. L'élection de tous les dangers qui se déroulera le 25 février en Irlande. Les derniers sondages font état d'une possible déroute du parti au pouvoir, le Fianna Fail, dirigé par Brian Cowen au profit du principal parti d'opposition, le Fine Gael, qui prône le rejet du plan d'assainissement drastique mis en place pour conjurer la crise. Gabriel François, conseiller économique d'UFG - LFP souligne le contraste entre le risque qui n'est pas nul d'une arrivée au pouvoir de l'opposition, qui ne pourra renier toutes ses promesses, et un marché qui reste impavide sur l'euro malgré le danger que fait courir cette situation à des économies convalescentes. Etonné de cet aveuglement, il conseille aux acteurs du marché des changes de méditer ce proverbe anglo-saxon: « Si vous sentez que vous allez paniquer, paniquez tout de suite », pour éviter une catastrophe ultérieure.

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