Le parcours haussier de l'euro face au dollar sera semé d'embûches

Après une pointe au dessus de 1,40 dollar lundi, au plus haut depuis quatre mois, l'euro a fait l'objet de prises de bénéfice, mais sa trajectoire reste orientée à la hausse à moyen terme, selon les stratèges.
Copyright Reuters

Le fossé qui sépare les attentes en matière de politique monétaire entre la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine ne cesse de se creuser, à mesure que se multiplient les prises de position de responsables de la BCE en faveur d'un durcissement des conditions de crédit dans la zone euro pour contrer une inflation de plus en plus « poisseuse », comme la qualifiait Jean-Claude Trichet lui-même il y a deux ans.

C'est désormais écrit dans le marbre : la BCE relèvera son principal taux directeur, vraisemblablement d'un quart de point, lors de son conseil du 7 avril alors que Ben Bernanke et ses pairs maintiendront pendant une « période prolongée », les taux de la Fed à un niveau exceptionnellement bas.

Le différentiel de rendement en faveur de l'euro face au dollar va donc se creuser, passant de quelque 100 points de base actuellement à 125. Rien d'étonnant dans ces conditions que l'euro ait retrouvé des couleurs, en dépit de prises de bénéfice intervenues mardi, pour renouer avec ses meilleurs niveaux depuis quatre mois face au dollar, avec une incursion jusqu'à 1,4035 en début de semaine, et depuis neuf mois vis-à-vis du yen, à 115,30 au plus haut, lui aussi victime de sa rémunération nulle.

Scénario à 1,50 dollar

Résultat : les stratèges changes révisent leurs scénarii sur l'avenir de la parité du couple euro-dollar. C'est ainsi que mardi la Danske Bank, la première banque danoise, a revue sa prévision à six mois de 1,42 à 1,50 dollar pour un euro, tablant sur un total de quatre hausses des taux de la BCE d'ici à janvier prochain.

Bien que le parcours de la monnaie unique soit semé d'embûches, du fait notamment des rebondissements à répétition de la crise de la dette souveraine de la zone euro (lire ci-dessous), la défiance à l'égard du dollar s'est à ce point accrue qu'un boulevard s'est ouvert aux acheteurs d'euros. Cette défiance, qui a déjà empêché l'étalon monétaire mondial de retrouver son rôle traditionnel de valeur refuge en temps de crise, tient aux inquiétudes liées à ce qui est perçu comme une fuite en avant de la politique budgétaire des États-Unis, où le déficit public risque de dépasser 10% du PIB cette année, alors que l'Europe tente de contenir les siens à coup de plans d'austérité souvent drastiques. Sur le marché à terme de Chicago, le CME, les positions courtes - vendeuses - en dollars des spéculateurs et des fonds d'arbitrage atteignent des records. Ces positions sont passées de 200.564 contrats au cours de la semaine qui s'est achevée le 22 février à 281.088 au cours de celle terminée au 1er mars, soit une valeur de 39 milliards de dollars contre 36, l'ancien record établi pour la première fois en 2007, lors du déclenchement de la crise des subprime.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.