Les pressions baissières sur l'euro s'émoussent

La nouvelle dégradation de la note souveraine de la Grèce par S&P a pesé sur la tenue de l'euro face au dollar mais les vendeurs ont modéré leurs ardeurs.
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Le report à juillet au plus tôt de la deuxième hausse des taux de la Banque centrale européenne joint à l'imbroglio sur la dette grecque et son lot de désinformations colportées notamment par la presse populaire allemande, avaient provoqué le plus fort recul de l'euro en deux séances depuis 2008. La monnaie unique avait reflué d'un point haut de dix-sept mois de 1,4940 dollar à 1,4310, au plus bas vendredi. Une fois battues en brèche les rumeurs sur une restructuration imminente de la dette d'Athènes et sur sa sortie de la monnaie unique, les vendeurs d'euros ont tempéré leurs ardeurs face à la détermination des responsables européens à ne pas lâcher le plus fragile des leurs. La réunion de la BCE jeudi, qui avait été le catalyseur du recul de l'euro, est elle aussi repassée au second plan après une nouvelle prise de position, très « faucon » de son président dans une interview à l'agence Bloomberg. Jean-Claude Trichet a alors déclaré que la BCE était « en alerte extrême » sur l'inflation et que les nouvelles projections des équipes économiques de l'institut d'émission en juin seraient cruciales pour les prochaines décisions en matière de taux d'intérêt. Ce qui fait dire à Jacques Cailloux, chef économiste pour la zone euro de Royal Bank of Scotland, que la BCE n'a pas fermé la porte à un tour de vis monétaire dès juin, même si le sésame de la « forte vigilance » n'a pas été utilisé par Trichet jeudi dernier.

Coup de grâce

L'euro, à défaut de retrouver les faveurs des acteurs du marché des changes, commençait à enrayer sa glissade lorsqu'est venu le coup de grâce. L'agence d'évaluation financière Standard & Poor's, qui ne manque pas une occasion de jeter de l'huile sur le feu, a annoncé un nouvel abaissement de deux crans d'un coup - de BB- à B - de la note souveraine de la Grèce, qu'elle a assortie d'une perspective négative, ce qui implique qu'une nouvelle dégradation est déjà envisagée. De son côté, Moody's a placé la dette greque sous surveillance. L'euro a alors dévissé jusqu'à 1,4255 dollar, ce qui porte sa dévalorisation à 4,5 % en trois jours. C'est beaucoup, même si la monnaie unique avait gagné près de 16 % depuis le début de l'année, atteignant un seuil dangereux pour la compétitivité des exportateurs de la zone.

Force est pourtant de constater que depuis un an, lors de la mise sur pied du premier plan de sauvetage de la Grèce, les coups d'accordéon sur l'euro, s'émoussent au fil du temps. Malgré des secousses sporadiques, il a réussi à passer au travers des mailles du filet de la plus grave crise qui ait secoué la zone euro depuis sa naissance en 1999, après une réaction initiale d'une rare brutalité qui l'avait fait tomber en dessous de 1,20 dollar juste un mois après le lancement du plan d'aide à Athènes.

L'euro a aussi résisté à ses fossoyeurs. Une armée d'oiseaux de mauvais augure qui prétendaient que la monnaie unique n'avait aucune chance de résister à un choc de cette ampleur et annonçaient sa mort imminente.

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