Les marchés boursiers au bord du « krach »

Les responsables politiques n'étaient pas parvenus à arrêter une stratégie commune avant l'ouverture des places asiatiques lundi 8 août. Après une semaine déjà très difficile, qui s'est conclue par la dégradation de la notation financière des États-Unis par l'agence Standard & Poor's, les marchés pourraient s'embraser.
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Comment les places boursières occidentales vont-elles réagir au dernier coup de semonce intervenu vendredi soir, avec la dégradation de la notation AAA des États-Unis par Standard & Poor's ? Après une semaine déjà éreintante, au cours de laquelle le CAC 40 a signé sa dixième séance de baisse consécutive et dévissé de plus de 10 % (voir page 7), les turbulences sur les marchés actions devraient redoubler, certains n'hésitant pas à parler de « krach » ou de « lundi noir ». Présage de mauvais augure, alors qu'aucune annonce d'ampleur n'avait émané des responsables politiques et économiques européens, les échanges ont dû être suspendus ce dimanche à la Bourse de Tel-Aviv, qui a fini en baisse de près de 7 %. Et que dire de l'évolution du dollar, qui n'en finit plus de chuter face au franc suisse et au yen, contraignant les banques centrales des deux pays à des interventions désespérées pour éviter que la vigueur historique de leur monnaie n'étouffe leur économie.

Depuis le début de l'année, les agences de notation n'ont eu de cesse d'alerter sur la dérive des finances publiques américaines. La décision historique de S&P a pourtant surpris les observateurs par son « timing », moins d'une semaine après le vote par les parlementaires américains d'un plan de rigueur de 2.400 milliards de dollars. Cette dégradation ne devrait pas avoir dans l'immédiat d'impact sur les marchés de dette américains, ni sur le rôle essentiel que jouent les titres obligataires américains dans le système financier et monétaire mondial. Mais elle clôture une semaine au cours de laquelle les intervenants ont pu mesurer l'ampleur des risques qui pèseront ces prochains mois sur une économie mondiale déjà en perte de vitesse, tant dans le monde développé que dans le monde émergent.

Pour conjurer un cataclysme sur les places boursières, qui devrait paradoxalement profiter à la dette américaine, valeur refuge par défaut, les pays membres du G20 et les grandes institutions financières internationales ont multiplié les contacts téléphoniques ce week-end. Sans parvenir à élaborer la stratégie commune qui fait tant défaut depuis des mois et serait susceptible d'éviter la débâcle. Car, pour l'instant, rien n'y a fait.

Les mesures prises par des gouvernements européens divisés pour calmer les angoisses sur la Grèce ont échoué, tout comme les interventions isolées sur les marchés de change de la Banque du Japon et de la Banque Nationale Suisse. La Banque centrale européenne (BCE) a certes mis ce jeudi de l'huile dans les rouages du marché interbancaire, mais n'a pas décidé d'acheter de dettes espagnole et italienne, alors que leurs taux sont à des records et menacent la capacité des deux États à se refinancer. Ces dernières semaines, les marchés ont choisi de douter, que ce soit sur les finances publiques de l'Italie et de l'Espagne ou sur l'économie américaine, qui ralentit dangereusement.

Désormais, seul un électrochoc prodigué de manière concertée par les grandes puissances économiques semble de nature à rassurer les marchés.

Côté européen, le soulagement pourrait provenir d'un renforcement des prérogatives du Fonds européen de stabilité financière de 440 milliards d'euros créé en mai 2010. L'accélération des plans de rigueur en Italie et en Espagne pourrait aussi vaincre la réticence de la BCE à acheter leur dette. « Une intervention directe de la Chine et du Japon via des rachats massifs d'emprunt d'État, serait un autre signe positif », poursuit Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque.

Aux États-Unis, la maîtrise de l'endettement interdit tout plan de relance, et seule la Fed est désormais capable d'un coup de pouce à l'économie et aux finances publiques, en relançant un troisième plan d'achat d'obligations d'État. Mais cette mesure accentuerait le déclin du dollar, et ce « dumping » monétaire pèserait sur la croissance des autres zones, notamment émergentes.

Craignant un atterrissage brutal, de grandes économies comme la Chine et le Brésil sont de leur côté partagées entre la lutte contre l'inflation et la stimulation d'une activité en décélération. Au risque d'abandonner toute velléité d'intervention concertée et de se lancer dans une guerre monétaire similaire à celle des années 1930.

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