La monnaie helvète, aubaine et risque pour les régions frontalières

Le franc fort profite aux commerçants et aux salariés frontaliers, mais des emplois sont malgré tout menacés.
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La forte appréciation du franc suisse face à l'euro semble faire le bonheur des frontaliers français, italiens et allemands et aussi des régions limitrophes de la Confédération. « Notre clientèle a augmenté de 10 à 15 % depuis les trois derniers mois », indique ainsi à « La Tribune » un responsable du supermarché Carrefour à Ferney-Voltaire (Ain). Attirés par des prix en euros plus bas, les Suisses traversent de plus en plus la frontière pour consommer : selon l'institut BAK Basel, ils devraient dépenser cette année dans les régions frontalières 310 millions de francs suisses en plus (environ 273 millions d'euros).

Les Suisses injectent aussi leurs francs forts dans l'immobilier, l'hôtellerie, la restauration et les loisirs des pays voisins. L'Office du tourisme de Chamonix évoque, dans « Le Temps », une « nette progression de la clientèle suisse dans les hébergements professionnels » en hiver et au printemps alors que la fréquentation des clients français et étrangers était en baisse.

Les commerces suisses locaux de l'alimentaire enregistrent une baisse considérable de leur chiffre d'affaires, 20 % par exemple au premier semestre 2011 dans le canton de Bâle-Ville. À Crans-Montana, une station de ski du Valais, certains commerçants ont décidé de réagir. Pour garder leurs clients et ainsi limiter les pertes, ils ont fixé leurs propres taux de change. Ils proposent jusqu'à 1,50 franc suisse pour un euro, défiant la quasi-parité actuelle.

Des pratiques « illégales »

Les travailleurs frontaliers payés en francs profitent eux d'une hausse de pouvoir d'achat de 30 % par rapport à l'année dernière, mais leurs emplois pourraient être menacés. Pour baisser leurs coûts de production, certaines firmes, comme Angenstein, basée à Bâle, ou Von Roll, leader mondial des produits d'isolation, basé à Zurich, proposent de payer leurs salariés frontaliers en euros ou en indexant leur rémunération sur son cours. « Si ce projet aboutissait, je perdrais près de 1.000 euros par mois par rapport à aujourd'hui ! » affirme un salarié français de Von Roll au quotidien « Le Pays ». D'après le secrétaire central de l'Union syndicale suisse (USS), Jean Christophe Schwaab, tout ceci est « illégal ». Ce syndicaliste estime toutefois qu'« une centaine de milliers d'emplois suisses sont menacés, notamment dans l'industrie d'exportation et le tourisme ».

 

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