L'été étonnamment tranquille du couple euro-dollar

Depuis la mi-juillet, la parité euro-dollar est restée cantonnée dans une étroite fourchette, allant de 1,4050 à 1,4550 et rien n'indique qu'elle puisse en sortir durablement.
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Alors que tout au long du mois d'août une intense agitation s'emparait des marchés financiers et que les investisseurs, tétanisés par l'aversion au risque, se ruaient sur les emprunts d'État les plus liquides, provoquant un « rally » obligataire inattendu, l'enfant terrible du marché des changes - la paire euro?dollar - restait quasiment imperturbable. Bloqué dans une étroite fourchette, allant de 1,4050 à 1,4550, le couple ne s'est jamais départi de son flegme, laissant à des monnaies de moindre envergure à l'échelle internationale, à l'instar du yen et du franc suisse, la charge de subir les coups de boutoir de la spéculation qui, elle, ne dort jamais. Même lorsque la Banque du Japon et la Banque nationale suisse sont sorties du bois pour freiner l'envolée de leurs monnaies respectives, la parité euro-dollar est restée de marbre. Lundi, avant dernier jour du mois, l'euro évoluait vers le haut de l'étroit couloir, juste au-dessus de 1,45 dollar pratiquement tout au long de la séance, malgré la première bonne nouvelle émanant des États-Unis depuis longtemps, où les dépenses de consommation des ménages ont fait un bond de 0,8 % en août.

Selon les données compilées par l'agence Bloomberg, le billet vert s'est apprécié de 1,2 % depuis le début août face aux neuf monnaies les plus activement négociées sur le marché des changes. Et ce, en dépit des déferlantes qui se sont abattues sur l'oncle Sam. À commencer par la dégradation le 5 août de sa note souveraine par l'agence Standard & Poor's, qui lui a fait perdre son prestigieux triple A, puis par l'engagement pris le 9 août par la Réserve fédérale de maintenir son taux directeur à un niveau voisin de zéro pendant au moins deux ans et, enfin, par le sombre diagnostic sur l'économie américaine formulé par Ben Bernanke vendredi dernier lors du symposium de Jackson Hole.

Les tourments de l'euro

Comment expliquer la résistance du dollar que les stratèges des grandes banques voient se prolonger ? D'abord par la mise au rancard de la planche à billets qui l'avait laminé lors de sa remise en marche début novembre 2010. Le 30 juin dernier, la Fed a finalisé son programme de rachats de 600 milliards de dollars de titres de la dette publique américaine et son président n'a pas caché son souhait de ne pas avoir à la remettre en marche. Ensuite, les tourments subis par l'euro, seul véritable concurrent du dollar sur le marché des changes, sont tout aussi ravageurs. La crise de la dette souveraine de la zone euro ne cesse de faire des vagues, dans un contexte de croissance « modeste » et d'incertitudes « particulièrement élevées », selon les termes de Jean-Claude Trichet, le président de la BCE lundi devant le Parlement européen. Les deux poids lourds n'ont simplement plus la cote.

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