La Bundesbank s'inquiète des risques accumulés dans le bilan de la BCE

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Que le programme de soutien aux marchés obligataires (SMP) de la Banque centrale européenne (BCE) soit dans le collimateur de la Bundesbank n'est pas nouveau. Mais, moins d'une semaine après la démission fracassante de Jürgen Stark, l'économiste en chef allemand de la BCE, le président de la « Buba », Jens Weidmann, n'hésite plus à évoquer les « risques considérables » pris par l'institution en lieu et place de ses habituels plaidoyers sur la lutte contre l'inflation et l'indépendance de la banque centrale.

« Le bilan de l'Eurosystème est grevé par des risques considérables », a averti mardi Jens Weidmann depuis Cologne. « Je suis convaincu qu'ils devraient dès maintenant être réduits et en aucune circonstance augmentés », a-t-il ajouté en référence aux achats de dette massifs réalisés depuis début août par la BCE.

Alors que le compteur du SMP est resté bloqué à 75 milliards d'euros pendant 19 semaines consécutives, la BCE l'a porté à 143 milliards en 5 semaines pour contrer la flambée des taux espagnol et italien, en attendant que le FESF prenne son relais une fois obtenu l'aval des parlements nationaux.

Outre les achats réalisés dans le cadre du SMP, la BCE fait face à un risque de contrepartie dans le cadre de ses opérations de refinancement aux banques, lors desquelles elle prend par exemple en garantie des titres d'État italiens, portugais ou espagnols. « Bien qu'il soit difficile d'évaluer avec exactitude la solidité financière relative de la BCE, il est clair qu'un choc systémique impliquant l'un des grands pays périphériques pourrait anéantir le capital de la BCE », souligne dans une note Dirk Schumacher, analyste chez Goldman Sachs.

L'Eurosystème (l'ensemble des banques centrales nationales et la BCE elle-même) disposait d'un compte de capital de 80 milliards d'euros à la fin août, contre des engagements dix fois supérieurs dans le cadre du SMP et des opérations de refinancement.

Recapitaliser l'Eurosystème

Une aggravation de la crise obligerait les banques centrales nationales actionnaires de la BCE, elles-mêmes frappées par les tensions sur les marchés, à financer la recapitalisation de l'Eurosystème en se tournant vers les États, selon Dirk Schumacher. Avec à la clé un problème d'indépendance. Ou à se lancer dans la création monétaire, ce qui « pourrait s'avérer inflationniste, ou du moins être perçu comme inflationniste » et « réduirait encore la crédibilité de la BCE », explique-t-il.

Au-delà de ces risques, la BCE a surtout fait un pari en soutenant à bout de bras les marchés : que les gouvernements réussissent à proposer des solutions de sortie de crise crédibles. Ce n'est « pas le devoir de la politique monétaire » de « décharger les gouvernements des fardeaux liés au soutien de certains Etats », a souligné Jens Weidmann. « Il est grand temps que les responsables politiques décident des risques qu'ils veulent prendre pour combattre la crise et construire l'avenir », a-t-il résumé.

 

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