Le pessimisme de la Fed précipite les Bourses dans un nouveau jeudi noir

Les mesures annoncées par la Réserve fédérale, mercredi soir, ont déçu les investisseurs et ont un peu plus alimenté les craintes d'une récession. Un contexte qui pousse les marchés à tester de nouveaux plus bas.
Copyright Reuters

Les jeudis ne sont décidément pas les jours les plus porteurs pour les marchés d'actions. Au lendemain de l'annonce des nouvelles mesures prises par la Réserve fédérale pour soutenir l'économie américaine, les places boursières mondiales ont vécu un nouveau jeudi noir. À l'image du CAC 40 qui a cédé 5,25 %. Bien entendu, le même constat s'impose pour l'ensemble des bourses européennes. En Allemagne, le DAX a cédé 4,96 %, tandis que le Footsie a chuté de 4,67 % à Londres et que l'Ibex a reculé de 4,62 % à Madrid. La crainte d'une forte chute des indices à Wall Street a même contraint Nyse Euronext à invoquer l'article 48 pour permettre une ouverture des marchés en douceur (lire encadré).

Clairement, les mesures annoncées par la Fed sont loin d'avoir rassurées les investisseurs. « L'opération « TWIST », a pour objectif de peser sur les taux des obligations longues, mais sans augmenter la taille du bilan de la Fed, donc sans créer de monnaie », commente Arnaud Poutier, directeur général adjoint d'IG Markets France dans une note sur le sujet. Pour ce dernier, la Réserve fédérale a montré sa volonté de ne pas lancer un « Quantitative Easing 3 ». Mais la seule déception des investisseurs ne suffit pas à expliquer une telle nervosité sur les marchés.

« Le plus inquiétant dans les mesures annoncées c'est l'extension des rachats de titres au secteur de la réassurance et hypothécaire. En clair, il y a une réminiscence de la crise précédente. Les banques centrales qui doivent déjà faire face au problème de la dette souveraine n'ont toujours pas tourné la page des actifs toxiques des subprimes » explique pour sa part Alexandre Baradez, analyste marchés chez Saxo Banque. Et d'ajouter, « ce constat oblige de fait les investisseurs à envisager un retour vers les plus bas de 2009 car le risque qui pèse sur les banques aujourd'hui est bien plus important que celui qu'elles supportaient lors du déclenchement de la crise financière de 2008. » Ce qui explique notamment que le CAC 40 a clôturé sous la barre des 2.800 points, et ce pour la première fois depuis le 31 mars 2009.

Au-delà, les professionnels de marché soulignent unanimement le pessimisme de la Fed et le tableau noir dépeint par l'instance monétaire pour résumer l'état de santé de l'économie américaine. Celle-ci a en effet évoqué des « risques importants » qui pèsent désormais sur la reprise américaine, accentuant un peu plus les craintes d'une récession tant redouté par les investisseurs. « La description très négative de l'économie, alors que les économistes doutent de l'impact positif sur l'économie de l'opération ?Twist? explique sûrement la réaction négative, à court terme, des investisseurs », soulignent, dans une note, les experts de chez Aurel BGC.

Austérité plus récession

Ces commentaires sont d'autant plus mal interprétés qu'ils font écho aux dernières prévisions du Fond monétaire international sur la croissance des pays occidentaux. Mardi, l'institution avait revu en baisse ses perspectives de l'économie mondiale et plus particulièrement celles de l'Occident. Pour les États-Unis, les prévisions de croissance avaient été fortement abaissées à 1,5 % pour 2011 - contre une précédente estimation de 2,5 % en juin.

Dans ces conditions, s'il était à prévoir que le compartiment bancaire allait faire les frais de ce nouveau contexte - de surcroit au lendemain de la dégradation des notes de plusieurs banques américaines - les secteurs particulièrement cycliques ont aussi subi de forts dégagements hier. Rien d'étonnant dans ces conditions à voir des domaines comme les Matériaux de Base (- 6,75 %) ou l'Industrie (- 5,21 %) signer, jeudi, les plus fortes baisses sectorielles du Stoxx 600.

Si les marchés étaient jusqu'ici concentrés sur le problème de la dette, ils tendent désormais à prendre conscience de la gravité des mesures d'austérité dans le contexte d'une éventuelle récession. Sur le sujet, les experts d'Aurel BGC soulignent que « le problème de fond demeure : la plupart des économistes doutent que le problème de croissance aux États-Unis sera résolu par le maintien de taux bas. Les banques commerciales doivent ?avoir envie? de distribuer du crédit ».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.