Les grands fonds souverains font patte de velours

Réunis à Paris, ils défendent leur stratégie d'investissement à long terme et de prises de participations minoritaires.
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Non, malgré leurs milliards de dollars, les fonds souverains d'Asie et du Moyen-Orient n'ont pas vocation à dévorer les entreprises occidentales. Dans le cadre d'une conférence organisée lundi à Paris par « l'Initiative de recherche sur les fonds souverains » de l'Université Paris Dauphine, plusieurs fonds d'investissement étatiques ont voulu dédiaboliser leur image, entachée - pour certains - par leur appartenance à des États non démocratiques comme les monarchies du Golfe et la Chine, et par leur toute-puissance financière qui commence à inquiéter.

En 2005, ces fonds géraient 1.300 milliards de dollars d'actifs, à l'échelle mondiale. Ils en sont aujourd'hui à 9.000 milliards, et pourraient grimper à 20.000 milliards d'ici à 2020, selon Jin Liqun, président du conseil d'administration du fonds chinois China Investment Corporation (CIC), l'un des plus grands fonds souverains au monde, avec 374 milliards de dollars d'actifs gérés.

Certes, les fonds souverains font beaucoup parler d'eux en ce moment, en particulier en France, avec le récent investissement du Qatar dans le PSG et la cession à CIC d'une partie du pôle exploration-production de GDF-Suez. Mais « nous ne prenons des participations, en général minoritaires, que dans des secteurs et au sein d'entreprises où nous sommes les bienvenus. Nous ne forçons personne, nous ne prenons pas de participations de contrôle », assure Jin Liqun. Et d'insister : « Les fonds souverains sont des investisseurs de long terme, pas des spéculateurs. » Carlos Obeid, directeur financier de Mubadala Development Company, véhicule d'investissement de l'émirat d'Abou Dabi avec 46 milliards de dollars d'actifs gérés, abonde dans son sens.

Rôle de « stabilisateur »

Cette optique de long terme confère aux fonds souverains un rôle « de stabilisateur des marchés financiers », poursuit Jin Liqun, rejoint en cela par Augustin de Romanet, président de la Caisse des dépôts et consignations, laquelle est actionnaire du fonds souverain à la française, le Fonds stratégique d'investissement (FSI).

Pour Augustin de Romanet, « l'investissement à long terme constitue l'une des réponses à la crise actuelle », en partie liée à la vision de court terme des marchés boursiers. Cette réponse pourrait-elle passer par l'entrée de fonds souverains dans le capital de banques européennes, appelées à se recapitaliser en urgence dans le contexte actuel de crise de la dette dans la zone euro? «Chaque crise engendre des opportunités d'investissement », reconnaît Jin Liqun. Qui estime donc que « les fonds souverains examineront de près la situation européenne », mais qu'ils ne tenteront rien avant que « l'horizon de la zone euro s'éclaircisse. »

De plus, les fonds souverains ont déjà fort à faire dans leurs propres pays. « Nous n'investissons pas seulement à l'étranger, mais également localement, afin de rendre nos industries compétitives au niveau mondial, notamment dans l'aluminium, l'aéronautique et les énergies renouvelables », souligne Carlos Obeid.

Enfin, la mise en place d'une gouvernance destinée à s'assurer que les décisions d'investir ne répondent qu'à des objectifs économiques et financiers demeure un enjeu important pour certains de ces fonds.

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