Vers une Bourse de Paris à deux vitesses

La sortie de Suez Environnement de l'indice au profit de Legrand illustre la volonté du Conseil scientifique de renforcer la part des sociétés les plus exposées aux marchés émergents. Tout en limitant le poids des banques et des "utilities", qui reste prépondérant.
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Le grand retour de Legrand au sein du CAC 40 n'est pas un hasard. Longtemps présent au sein de l'indice phare de la Bourse de Paris - avant d'en être exclu en 2000-, le groupe profite d'un profil désormais largement mondialisé. De quoi conforter le virage de plus en plus international, et notamment émergent, du CAC 40.  

Le groupe spécialisé dans les équipements électriques réalise 75% de son chiffre d'affaires hors de France, et en particulier 25% dans les pays émergents. Autre autout de la valeur, Legrand dispose d'un fort leadership qui lui permet d'augmenter ses prix sans affecter la demande, ce qu'on appelle dans le jargon financier le "pricing power".

Il rejoint ainsi des grands champions mondiaux tels que Danone, Essilor, Pernod-Ricard, L'Oréal, LVMH ou encore Michelin dont l'implantation dans les pays émergents leur assure des revenus récurrents et une plus grande résistance à la crise. Sauf que ces groupes pèsent encore trop peu dans le CAC 40. Ainsi, la pondération de LVMH (5,08%) et Danone (4,6%) dans l'indice parisien reste-t-elle inférieure à celle de BNP Paribas (5,26%).

Un CAC 40 à deux vitesses

Toutefois, le rapport tend à s'équilibrer entre l'importance traditionnelle des banques et des "utilities" (services aux collectivités) dans la cote et les sociétés à fort leadership et exposées aux marchés émergents. La sortie de Suez Environnement du CAC 40, qui sera remplacé par Legrand le 19 décembre, l'illustre bien, tout comme la mise à l'écart de Natixis en septembre dernier au profit de Safran.

Il faut dire que le parcours boursier des banques et des "utilities" a largement contribué à plomber le CAC 40 cette année. Veolia, Société Générale, Crédit Agricole et Suez Environnement figurent parmi les dix plus fortes baisses de l'indice depuis le début de l'année. D'où l'intérêt pour le Conseil scientifique, qui décide de la composition du CAC 40, d'un rééquilibrage vers des valeurs moins vulnérables au ralentissement économique. 

Le secteur des biens à la consommation (qui regroupe L'Oréal, Renault, Michelin, LVMH, Peugeot, Pernod-Ricard et Danone) représente désormais 17,95% du CAC 40, soit le premier secteur de l'indice, devant le pétrole et gaz (15,32%) et l'industrie (14,13%). Mais il pèse toujours moins que la somme des pondérations des sociétés financières et les "utilities" (20,16%). Avec le risque d'un CAC 40 à deux vitesses, tiraillé entre la "locomotive" des  valeurs exposées aux émergents et le "frein" des sociétés limitées à leur marché domestique.

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