AVIS D'EXPERT : à qui profite vraiment le PTZ+ ?

Alors que le PTZ+ fête ses 6 mois et que le gouvernement a déjà annoncé 100.000 bénéficiaires , est-ce un effet d'annonce ou un effet d'aubaine ? Par Ludovic Huzieux, directeur associé d'Artémis courtage
Copyright Reuters

Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l?Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, et Benoist Apparu, son secrétaire d?Etat, ont assisté cérémonieusement le 9 mai 2011 à la signature du 100.000ème PTZ+. Un « coup de com? » réussi et repris largement sur les antennes radio, chaînes de télévision et quotidiens du lendemain. Toutefois, si le succès (en volume) de ce prêt aidé destiné aux primo-accédants était inévitable, le bilan à la fin du premier quadrimestre est moins rose. Comme toute mesure incitant à l?accession à la propriété, les professionnels de l?immobilier et les distributeurs de crédit voient d?un bon ?il la mise en place de ce prêt. Mais, force est de constater que ce prêt ne « déclenche » malheureusement pas l?achat. Pourquoi ?

- Premièrement, parce que grâce au caractère universel, c?est-à-dire sans plafond de ressources, les plus aidés sont déjà les plus aisés ! 37,6% des bénéficiaires font partie des deux tranches de revenus les plus élevées. Naturellement, ces bénéficiaires ne refusent pas le PTZ+ dont ils ignorent même assez régulièrement l?existence ou, du moins, leur éligibilité au dispositif. Cerise sur le gâteau, coup de pouce de « l?Etat Providence », l?effet du dispositif sur leur décision d?achat est marginal. Ils auraient, quoiqu?il arrive, mener à bien leur projet immobilier.

- Deuxièmement, le PTZ+ a pour objectifs non dissimulés de favoriser la construction en zone A et B1 de logements énergétiquement performants (label BBC) et de revitaliser les centres -ville des zones rurales B2 et C. Or, cette segmentation géographique constitue un biais crucial dans la répartition des aides permises par le nouveau dispositif. En effet, les prix élevés au m2 du neuf en zone A et B1 mettent irrémédiablement hors jeu les foyers les plus modestes. A côté d?eux, un couple sans enfant, avec des revenus confortables de 10.000 euros nets mensuel, pourra prétendre à une enveloppe généreuse de 87.200 euros de PTZ+ s?il achète un bien neuf BBC en zone A.

- Enfin, troisièmement, dans l?ancien, les enveloppes « PTZ+ » sont beaucoup moins intéressantes, et oscillent entre 5.550 et 34.800 euros pour un couple sans enfant. Le phénomène est particulièrement sensible concernant les achats réalisés en zone B2 et C. Le faible apport de ces enveloppes, par rapport à la somme totale du crédit contracté par les emprunteurs, ne peut en aucun cas constituer un paramètre décisif dans le processus d?achat.

En conclusion, le PTZ nouvelle mouture a eu deux conséquences : la première d?avoir absorbé une partie de la hausse importante des taux depuis ce début d?année (le PTZ+ permet en moyenne un « gain » de taux entre 0.10% et 0.20% dans l?ancien et entre 0.35% et 0.45% dans le neuf). La seconde, plus prévisible, est de faire face dans l?ancien à un pourcentage incroyable de Diagnostics de Performance Energétique (DPE) classés en D (consommation comprise entre 151 à 230 Kwh/m²/an). Il faut dire que la lettre suivante, E, divise par deux le montant du PTZ+.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.