Jean-Claude Trichet appelle à poursuivre la réforme du système financier

Mais le besoin de recapitalisation des banques n'est pas évident, selon Michel Pébereau.
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La crise, qui débuta en août 2007, a montré que non seulement le système financier était « extraordinairement » fragile », mais que cette fragilité était « très supérieure » à celle observée lors des précédentes crises. Le constat de Jean-Claude Trichet, dressé lors d'un colloque sur la crise financière, organisé par l'Institut Montaigne, fait rétrospectivement froid dans le dos. Mais le président de la banque centrale européenne s'est aussitôt félicité des réformes « considérables » qui ont été engagées pour accroître la solidité et la résilience des institutions financières. Ainsi, la réforme des règles prudentielles bancaires, dite « Bâle 3 », a été menée en deux ans alors qu'il aura fallu près de douze ans pour mettre en oeuvre le cadre de « Bâle 2 ». L'objectif est-il cependant atteint ? Le président de la BCE s'est montré prudent : « Nous sommes à mi-chemin, il reste beaucoup de choses à faire ». Son successeur désigné à la tête de l'institution européenne, Mario Draghi, gouverneur de la Banque d'Italie, a reconnu que des chantiers immenses restaient encore en friche, avec deux grands défis à relever : celui des « institutions systémiques » et celui de la finance « fantôme » qui doit réintégrer le champ réglementaire.

Restaurer « la confiance »

Sur le premier point, il est prévu de renforcer les exigences de fonds propres et d'organiser leur éventuelle faillite, en maintenant leurs fonctions « essentielles » (dépôt, crédit, paiement) et en fermant les activités « périphériques ». Quant à la régulation des institutions non bancaires, des propositions seront avancées au prochain G20. Des travaux sont également en cours sur les produits dérivés, en particulier les « Credit défault swap » (CDS) qui devront être traités sur un marché réglementé pour mettre fin aux contrats bilatéraux aux conditions opaques. Aux demandes répétées de Christine Lagarde, directrice générale du FMI, en faveur d'une recapitalisation massive du secteur bancaire européen, Mario Draghi s'est montré réservé : « les banques sous capitalisées ne reflètent pas exactement la vérité, beaucoup de banques ont réussi à lever des capitaux ». De même, Michel Pébereau, président de BNP Paribas, a une nouvelle fois répondu que ce besoin de recapitalisation était loin « d'être évident », même si cela pouvait être le cas pour « certaines banques ». La priorité pour le banquier est de restaurer « la confiance » dans les banques, qui est, comme en 2007, perdue. Le retour à la confiance passe par la transparence du secteur bancaire, qui est déjà largement acquise et qui le sera de plus en plus, sous la responsabilité des superviseurs. Les « stress tests » ont notamment permis de « parler de choses précises », selon Michel Pébereau, pour qui il ne sert à rien de provisionner des risques non avérés. Des propos rassurants... qui ne rassurent manifestement pas les marchés.

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