Après les plans de rigueurs, quel va être l'impact de la fin de triple A sur les français ?

Le gouvernement table sur la TVA sociale pour respecter sa trajectoire budgétaire. Mais, comme l'a souligné samedi le Premier ministre, d'autres ajustements ne sont pas exclus.
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 Au-delà des réactions politiques diverses immédiates et attendues et de la polémique sur la légitimité du jugement des agences de notation, la question est bien de savoir ce que sanctionne au fond cette dégradation, alors que le gouvernement a lancé deux plans de rigueur en 2011, ce qui a valu aux parlementaires d'examiner quatre textes budgétaires en 4 mois.
"C'est une juste sanction", analyse l'économiste Nicolas Bouzou, directeur du cabinet Astérès, évoquant "30 ans de laxisme budgétaire ". Les 18 milliards d'euros d'économies votées pour 2012, adoucies pour certaines lors de débats parlementaires parfois surréalistes, arrivent donc un peu tard, jouent principalement sur les recettes et ont pu être jugées trop disséminées et timides. Cela étant, se pose la question des conséquences de cette dégradation sur les taux d'intérêt, et donc la charge de la dette prévue à 48,8 milliards d'euros en 2012. Bercy se veut confiant, la loi de finances pour 2012 intégrant une prévision à 3,7 % pour les taux à 10 ans, contre 3,06 % vendredi. Mais "ils pourraient monter jusqu'à 4 %", prévient Nicolas Bouzou. Pour lui, le pire pourrait être un processus de dégradation en chaîne (effondrement de la croissance, hausse du chômage) propre à accroître encore le coût de la dette.

Les économistes dubitatifs


A plus brève échéance, le gouvernement se retrouve bel et bien au pied du mur, malgré un déficit budgétaire pour 2011 revu à 91,5 milliards d'euros contre 95,3 milliards prévus et, partant, un déficit public plus proche des 5,5 % du PIB que des 5,7 %. Pour autant, les économistes restent dubitatifs. "Même en intégrant toutes les mesures de rigueur, le déficit public devrait être de 5 % en 2012 contre 4,5 % prévus", anticipe Mathieu Plane, économiste à l'OCFE, qui table sur un recul de 0,2 % du PIB en 2012, alors que le scénario bas du budget 2012 est à + 0,5 %. Du coup, le collectif budgétaire de février concernant la TVA "sociale" devrait non seulement entériner une nouvelle prévision de croissance (probablement + 0,5 %) mais aussi intégrer "un ajustement des comptes", indique Gilles Carrez, le rapporteur (UMP) du budget de l'Assemblée nationale. Ce qu'a confirmé François Fillon lors de sa conférence de presse de samedi : "Les mesures budgétaires que nous avons prises sont donc suffisantes à ce stade. Lorsque nous aurons une meilleure visibilité sur notre croissance, nous pourrons procéder à des ajustements. J'ai déjà indiqué que nous avions des marges de précautions dans le budget 2012.". De fait, Dans le cadre de la réserve de précaution de 7 milliards prévue en 2012 (qui consiste en fait en gels de crédits consommés en partie en cours d'année), 2 à 3 milliards de crédits devraient être annulés immédiatement.

10 à 15 ans pour récupérer le triple A


Mais le gros des économies viendra des modalités de mise en ?uvre de la TVA sociale fixées à l'issue du sommet social du 18 janvier. Et encore, tempère Mathieu Plane, "pour compenser les effets négatifs à court terme (hausse des prix), il faudra 9 mois", les effets vertueux ne jouant qu'ultérieurement. Rien à attendre donc avant fin 2012, d'autant que pour laisser le temps aux agent économiques d'anticiper cette réforme fiscale, Gilles Carrez préconise une application... au 1er janvier 2013. Pas de quoi donc convaincre les agences de notation. Mais, rappelle Nicolas Bouzou, il faut généralement entre 10 et 15 ans pour regagner un triple A.
 

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